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Décennie 1964 - 1973

Dix années de Tổng Hội

I. Fondation de l’AGEVP, émergence d’une nouvelle force

La naissance de l’Association Générale des Étudiants Vietnamiens de Paris (AGEVP ou Tổng Hội) marque un phénomène tout à fait inédit : pour la première fois hors du Vietnam, une organisation de lutte s’appuyant sur des bases populaires fait son apparition du côté des nationalistes vietnamiens.

Auparavant, les organisations communistes dominaient totalement le paysage politique en Europe et en particulier en France. Aucun obstacle notable leur était opposé. Les quelques groupuscules nationalistes de 5, 6 personnes non seulement n’entravaient pas leurs actions mais constituaient même une forme de soutien indirect en raison des comportements et positionnements à la fois puérils et détestables, en raison également d’un mode de vie à la fois bourgeois et réactionnaire.

Nous sommes en 1960.

Le contexte politique n’est pas favorable aux activités nationalistes sérieuses. Tous ceux partis étudier à l’étranger ont plus ou moins entendu parler des Phan Bội Châu, Phan Châu Trinh, Hồ Chí Minh, Ngô Đình Diệm, …, des personnalités qui ont « usé leurs souliers ailleurs », qui par la grâce d’actions spectaculaires à l’étranger sont devenues célèbres, des héros nationaux ou des décideurs de la nation. Côté nationaliste, on ne voit que des anciens étudiants revenus au pays pour devenir, qui ministres, qui premiers ministres. C’est ainsi que chez les étudiants expatriés comme chez les personnalités en exil, certains n’ont pas du tout de conscience politique et d’autres se croient investis d’une mission dépassant leur propre capacité et leurs compétences. Par conséquent, personne ne songe à créer un mouvement de lutte populaire et même si l’idée a pu effleurer certains, ceux-ci ne se considèrent pas comme faisant partie de la population mais se réservent plutôt le rôle de leader. Beaucoup se soucient d’abord de se forger une réputation personnelle.

Dans cette déchéance morale, l’organisation communiste possède tous les avantages. D’un côté, ils ont lutté, ont réussi, ont instaurés des règles, sont organisés convenablement. Quiconque rejoignant leurs rangs doit commencer par la base, devenir militant pour ensuite gravir progressivement les échelons. Ainsi, ils disposent à la fois de généraux et de troupiers c’est-à-dire de la masse populaire, à contrario du côté nationaliste où abondent des généraux, surtout ceux de façade.

D’un autre côté, les communistes ont l’aura de la résistance, de la bataille de Điện Biên Phủ, c’est-à-dire qu’ils disposent de conditions favorables pour attirer les foules. Ceux qui sont réticents à les suivre à ce moment sont pour la plupart des éléments bourgeois réactionnaires ou craintifs devant la menace de perdre leurs bourses ou leurs visas. Les vrais nationalistes qui luttent contre les communistes par idéologie constituent une faible minorité.

Une éphémère Association Générale des Etudiants Vietnamiens en France est née en 1960. Le groupe s’est éteint rapidement et s’est désintégré en même temps que le régime de Ngô Đình Diệm.

Une Association Générale des Etudiants Vietnamiens en France est née en 1960. Cette association est dirigée par des étudiants partisans du président Ngô Đình Diệm avec la collaboration de quelques étudiants nationalistes sérieux mais peu compétents. Cette association n’a rien pu accomplir. Leurs efforts en matière de mobilisation de masse se résument à quelques soirées dansantes. Leurs performances politiques se limitent à quelques entretiens avec les ministres de Ngô Đình Diệm. Leurs opinions politiques ne sont que de vieilles rhétoriques embarrassantes à entendre. Et le comportement des initiateurs n’a rien de louable.
Le groupe s’est éteint rapidement et s’est désintégré en même temps que le régime de Ngô Đình Diệm.

A ce moment, le phénomène notable vient de la création du groupe « Tự Lập » ou « Les Indépendants » (dont le nom principal est le groupe d’étudiants « Solidaires », « Tương thân ») dirigé par le docteur Lê Văn Hùng. Grâce à son mode de vie simple, son comportement décent, son éthique sain, M. Hùng a réussi à rassembler un assez grand nombre d’étudiants. Le groupe  » Les Indépendants » devient un obstacle majeur pour les communistes et est régulièrement attaqué par ces derniers.

Le groupe « Tự Lập » joue un rôle-clé dans la création de l’Association Générale des Etudiants Vietnamiens de Paris même s’il n’est pas à l’origine de sa réussite. Le groupe « Tự Lập » préconise une AGEVP rassemblant toutes les tendances dont bien sûr les 2 forces principales que sont « Tự Lập » et les communistes tout en s’efforçant d’avoir la prééminence. Il faut reconnaître que « Tự Lập » fonctionne de manière disciplinée et méthodique, ce qui lui permet de contrebalancer la faction communiste.

C’est alors qu’un conflit houleux a éclaté entre les 2 camps et évidemment, la création de l’AGEVP se retrouve dans une impasse. Chaque réunion est tendue, remplie de disputes et tout le monde se retrouve frustré. Le camp communiste ne cherche aucun autre résultat, ayant déjà sa propre organisation et son objectif est de contrecarrer la création d’une nouvelle association sur qui il n’a pas d’emprise.
Finalement, outré par l’attitude destructrice des communistes, certains étudiants nationalistes ont courageusement bloqué l’entrée des sympathisants communistes lors d’une réunion et c’est ainsi qu’un Comité provisoire de l’AGEVP a vu le jour, composé majoritairement de membres du groupe « Tự Lập ». Les communistes ont échoué et ont été pris par surprise : trop habitués de voir qu’une poignée d’une vingtaine ou trentaine d’individus à grandes gueules suffit pour perturber une réunion, ils ne sont pas venus assez nombreux et n’ont même pas osé recourir à la force pour entrer.

A ce stade, le groupe « Tự Lập » commet une grossière erreur stratégique : bien qu’ayant pris le contrôle du Comité provisoire en évinçant les communistes, le groupe n’arrive pas à se défaire des liens affectifs avec ces derniers et continue de prôner une grande Association Générale englobant également le camp communiste. Bien sûr, le groupe est boycotté par les communistes mais n’a pas été assez clairvoyant pour changer d’approche. Au lieu d’exercer son leadership sur le camp nationaliste, un rôle que le groupe pourrait assumer, « Tự Lập » caresse l’ambition de diriger tout le monde.

Cette ambition oblige « Tự Lập » à adopter une attitude ambivalente avec le camp communiste, le poussant dans une impasse stratégique avec des rhétoriques confuses ne pouvant satisfaire personne, même au sein du groupe, provoquant finalement des dissensions internes. Ses effectifs se réduisent progressivement et finalement, ne sont restés que quelques « théoriciens » ne maîtrisant pas leurs sujets et quelques fidèles au nom de leur amitié.

Tandis que les factions communistes et « Tự Lập » s’affrontent intensément, une nouvelle force nationaliste se constitue avec l’apport des jeunes étudiants fraîchement arrivés du Vietnam. Cette force est souvent surnommée groupe « Prépa » en raison de son absence d’appellation officielle et parce que leurs leaders suivent pour la plupart les classes préparatoires aux concours des grandes écoles d’ingénieurs.

La jeunesse est simple et le consensus entre jeunes est aisé. Leur position politique n’a jamais fait l’objet de débats. Le groupe s’est élargi très rapidement et on peut dire qu’au moment même où « Tự Lập » est à son apogée lors de la création du Comité provisoire, le groupe « Prépa » est déjà plus fort que « Tự Lập » et n’est pas resté inactif dans l’empêchement des sympathisants communistes d’entrer dans la salle de réunion au moment du débat sur le Comité provisoire. Cependant, le groupe s’évertue à ne pas apparaître comme une force. Il a parfois donné un coup de main à « Tự Lập » mais se retire aussitôt dans l’ombre.

Le groupe a l’intention de prendre le contrôle de l’AGEVP pour la transformer en une organisation nationaliste populaire, avec simplement pour humble mission de combattre le communisme en France à l’image des gardes civiles veillant sur un village. Il prévoit dès le départ d’évincer progressivement les théoriciens et les politiciens qui se donnaient des missions grandioses et comptaient utiliser l’AGEVP comme un tremplin pour faire avancer leur carrière. Le groupe veut remplir son rôle de citoyen.

De 1962 à 1965, le groupe ne s’est pas montré actif pour 2 raisons :
1. Sa politique n’est pas assez solide, l’expérience de lutte n’est pas encore acquise.
2. Les cadres les plus brillants sont en majorité en Math Sup / Math Spé et ne sont pas assez disponibles en internat.

Pour se préparer au Jour J de prise de contrôle de Tổng Hội, les membres du groupe étudient avec enthousiasme toutes les problématiques d’histoire et de politique, expérimentent de nouvelles méthodes de travail tout en observant le conflit entre les communistes et « Tự Lập » afin d’en tirer des leçons.

En 1964, lorsque l’Association Générale des Etudiants Vietnamiens de Paris est officiellement née avec un Bureau exécutif de bric et de broc, les « Prépa » sont quasiment la seule force face aux communistes mais ils se sont quand même résolus à se préparer pendant une année encore.

1965 arrive et le groupe prend aisément le contrôle de Tổng Hội et celle-ci est devenue une organisation citoyenne dont la mission simple est de s’opposer à la propagande communiste à l’étranger et dont les cadres n’ont aucune arrière-pensée individuelle en tête. Pour la première fois, une organisation populaire nationaliste fait son apparition. L’esprit de départ a toujours été préservé. Tổng Hội n’est plus un tremplin pour des ambitions individuelles. Elle devient l’instrument de combat des citoyens de la République du Vietnam en France, dans le cadre plus large de la lutte du peuple vietnamien contre le régime communiste.

Cette position est toujours celle de Tổng Hội aujourd’hui et restera celle de Tổng Hội demain.

II. Les dix années de lutte politique

Comme expliqué précédemment, le combat politique ne s’est pas engagé sous l’appellation officielle de l’Association Générale des Etudiants Vietnamiens de Paris. Pendant ces années où l’entité Tổng Hội a eu une attitude ambivalente, se prépare discrètement un noyau dur et dès la fin de 1965, ce noyau a transformé Tổng Hội en une organisation ouvertement populaire et nationaliste.

Avant 1965, le contexte politique en France est comme suit :
– présence d’une force communiste puissante dont la ritournelle propagandiste « combattre les américains pour sauver la nation » est devenue très à la mode.
– en face, « Tự Lập », un ambivalent groupe nationaliste qui semble honteux de l’être et qui n’ose adopter des positions tranchées.
– quelques individus bourgeois, ambitieux et réactionnaires, désignés à tort comme nationalistes justement en raison de leurs attitudes réactionnaires.

Devant cette situation, la première tâche à accomplir a été de créer un noyau nationaliste. Ainsi le noyau a été créé et préparé pendant plus de 3 ans. Le 1er Novembre 1965, Tổng Hội prend une nouvelle orientation qui reste la sienne jusqu’à ce jour.

Il est possible d’affirmer que les années de 1963 à 1965 ont été importantes pour le mouvement nationaliste. Grâce à ces années de préparation, un grand nombre de cadres a pu être formé et a contribué à préserver le mouvement pendant longtemps.

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Le plus surprenant c’est que les forces communistes et le groupe « Tự Lập » ont été pris au dépourvu alors que la création de la nouvelle force nationaliste est publique. « Tự Lập » ne s’imagine pas être sur la touche rapidement par la suite. Les communistes quant à eux n’ont pas pris conscience de l’émergence d’une nouvelle génération de nationalistes. Jusqu’en 1968, alors que « Tự Lập » est quasiment en voie de désintégration, les communistes restent toujours persuadés que Tổng Hội est sous la mainmise de « Tự Lập », leurs tracts ne cessent de porter des critiques visant ce groupe. Ce n’est qu’en 1968 qu’ils ont réalisé leur erreur.

1965 – 1966 : changement d’orientation

Durant cette période, l’objectif principal de Tổng Hội est de consolider son assise politique. L’attitude du Bureau exécutif a été à la fois souple et ouverte. Au lieu d’aller vers une confrontation directe avec le groupe « Tự Lập » comme l’ont réclamé certains étudiants impatients, le Bureau prône une coopération sincère avec « Tự Lập » car le considérant toujours comme anti-communiste. De son côté, le groupe apporte en retour un soutien dynamique au Bureau.

Selon l’évaluation du Bureau exécutif, le groupe « Tự Lập » finirait par se dissoudre faute de bases solides. Cette évaluation s’est avérée exacte, de nombreux éléments de « Tự Lập » ayant quitté le groupe plus tard pour devenir des nationalistes qui osent parler et agir.

❝L’émergence de Tổng Hội a amené de nombreux groupe à se dissoudre ou à se fondre dans l’association.❞

L’émergence de Tổng Hội ayant suscité la confiance, de nombreux groupes nationalistes disparates comme le Mouvement des Etudiants nationalistes, l’association de la Faculté de Droit, l’association de la faculté de Sciences politiques se sont auto-dissolus pour concentrer leurs efforts au sein de Tổng Hội.

Les 3 foyers – la Maison de l’Indochine (renommée plus tard en Maison de l’Asie du Sud-Est à la Cité Internationale Universitaire), l’Institut Franco-Vietnamien (rue Saint Jacques à Paris 5ème) et le Foyer Lutèce (cư xá Đất Việt rue Berthollet à Paris 5ème) – se sont tous considérés comme membres de Tổng Hội et ont abandonné toute activité politique séparée afin de soutenir les actions politiques de l’association.

L’esprit de solidarité et la confiance mutuelle sont à leur zénith. C’est ainsi que Tổng Hội n’a pas été ébranlée par la crise bouddhiste dans le centre du pays.

Le séminaire « Jeunesse et époque » organisé durant 3 semaines a dépassé les attentes. Il a ainsi constitué une nouvelle activité politique au sein du mouvement. Toutes les interrogations, toutes les opinions ont pu être étudiées en profondeur et l’esprit de consensus a gagné du terrain. La même année, l’AGEVP a mis l’Union Nationale des Etudiants Français (UNEF) au défi de débattre en public durant la semaine Vietnam organisée par celle-ci afin de soutenir les communistes vietnamiens. L’UNEF s’étant finalement débinée, accroissant en contrepartie la confiance des étudiants nationalistes.

Aux 2 débats organisés au Centre culturel national, l’AGEVP a non seulement marqué sa présence par des discours brillants et progressistes, elle a de plus pu établir des contacts permanents avec d’autres associations d’étudiants français ou étrangers. Celles-ci ont commencé à prendre conscience de l’existence d’une force étudiante nationaliste et progressiste.

Tổng Hội manifeste de plus en plus nettement sa conscience nationaliste.

Celle-ci s’exprime par le refus catégorique de l’idéologie communiste décadente, par l’acceptation de l’intervention américaine comme une solution de secours à court terme, par le fait de prôner l’édification et la consolidation du régime républicain afin de le rendre complètement indépendante vis-à-vis du monde entier de façon générale et des Etats-Unis de façon particulière.

Le président de l’AGEVP a eu l’occasion d’exprimer cette conscience auprès des étudiants américains lors d’une interview télévisée sur CBS : « Nous avons besoin des Américains en ce moment pour combattre les communistes mais n’accepterons pas cette situation dans l’avenir ».
En somme, à partir de 1965, Tổng Hội est apparue comme une organisation de nationalistes sans complexe, fières de leurs positions et absolument confiants en l’avenir.

Il semble indispensable de signaler une difficulté en 1966. L’attitude indépendante et franche de Tổng Hội a déplu au Consul général de la République du Vietnam jusqu’à le faire décider d’expulser l’association hors de son siège au 80 rue Monge. Cependant, le Consul a été rapatrié au pays avant la fin de l’ultimatum qu’il a envoyé au Bureau exécutif.

1966-1967 : une AGEVP devenue mature

Le Bureau exécutif suivant s’est donné pour mission de consolider les fondements de l’AGEVP. Priorité est donnée à la gestion de l’association. Sur le plan politique, sa ligne directrice reste identique à l’année précédente, des séminaires sont organisés régulièrement chaque semaine dans le but de former un noyau solide de cadres. Ces derniers ont doublé en nombre et les activités se sont étendues jusque dans les provinces. Grâce aux bénéfices du Têt, Tổng Hội a été en capacité d’envoyer ses cadres en province pour discuter et encourager l’esprit de lutte des autres associations amicales.

Cette année-là, un débat sur la Constitution de la République du Vietnam entre des représentants de l’AGEVP, du groupe « Les Indépendants », des personnalités en exil et d’un syndicat vietnamien a une fois de plus marqué la maturité de la conscience nationaliste. Poursuivant la position nationaliste progressiste prônée par l’association, le Bureau exécutif a proposé aux groupes politiques de débattre publiquement dans le but de détruire les légendes entourant les politiciens en exil mais tous ont refusé car leur position a été en vérité peu convaincante.

L’AGEVP a également ridiculisé une tentative de certains intellectuels en exil de former un gouvernement fantôme, obligeant ceux-ci à abandonner leur « congrès » à l’hôtel Lutetia à Paris.

L’AGEVP s’est en outre déclarée être disponible pour débattre en public avec les représentants communistes sur tous les sujets mais n’a reçu aucune réponse. En résumé, l’AGEVP est devenue en 1967 une solide organisation populaire de lutte dotée d’un effectif riche et d’une ligne directrice pointue.

1967-1968 : Lutte sur le front européen

L’AGEVP étant désormais forte, ses bases solides à Paris, son soutien dans les provinces suffisant, les efforts ont commencé à s’élever au niveau européen bien que les cadres continuent à se former activement à Paris.

Le débat animé « Vietnam les jours prochains » entre l’AGEVP et le groupe « Les Indépendants » a sonné le glas pour ce dernier. Dès lors, l’AGEVP est devenue le leader des organisations non communistes, rassemblés sous une même couleur : Tổng Hội.

Les attaques sournoises et lâches des forces communistes au Vietnam durant le nouvel an lunaire du Singe, le Tết Mậu Thân, ont porté le mouvement à son zénith. Face à la célébration indécente de la victoire des communistes, Tổng Hội a intensifié ses actions sur 2 fronts :
a. Collecter des fonds pour aider les compatriotes dans le pays et, à travers les collectes, dénoncer les exactions communistes.
b. Déconstruire la propagande communiste, analyser la signification de leur offensive générale, révéler le déclin militaire des communistes, parallèlement à l’impasse de leur stratégie.

Les efforts au niveau européen ont apporté un résultat très satisfaisant avec le meeting réussi du 5 Juillet 1968 avec près de 2.000 participants venant de toute l’Europe pour clamer haut la parole nationaliste progressiste et patriotique et contrer le communisme décadent, importé de l’étranger. La manifestation a été une occasion pour les nationalistes de renforcer leur foi, effacer leurs derniers complexes et ainsi être confiant dans la lutte contre le communisme qui est apparu comme une idéologie néfaste, obsolète et aveugle. L’objectif poursuivi par les nationalistes est plus juste, plus grand et plus en adéquation avec les progrès de l’humanité.

Nos efforts et notre entraînement ont été couronnés de succès, nous permettant de combattre les communistes avec confiance et mépris. Les complexes sont terminés, totalement terminés !

Il est à remarquer que quelques semaines avant, le camp communiste a également organisé une rencontre sur scène avec leurs dirigeants de haut niveau comme Xuân Thủy, Lê Đức Thọ, Mai Văn Bộ, Nguyễn Thị Bình. Cependant la réussite n’a pas été au rendez-vous avec une participation de moins de 500 personnes, essentiellement des personnes âgées venues pour le programme artistique. C’est pitoyable.

Nous avons dépassé les forces communistes. C’est principalement pour cette raison qu’à partir de 1968, l’AGEVP a dû faire face à une nouvelle stratégie des communistes vietnamiens en France : utiliser les organisations pro-communistes françaises pour attaquer Tổng Hội. L’attaque de la Maison d’Indochine, les manifestations à la Cité Universitaire, l’incident d’Antony, autant d’événements encore en mémoire de beaucoup. Dans chaque cas, une trentaine de communistes vietnamiens au visage fruste s’abritant derrière des centaines de voyous français, arabes ou africains, agressifs et armés de bâtons. Pour les affronter, des étudiants vietnamiens patriotes, sans peur.

Il y a eu d’autres cas isolés où certains de nos camarades ont dû être hospitalisés sans que leur esprit ne soit ébranlé. Le Bureau exécutif s’est efforcé de maintenir une attitude pleine de sang-froid, modérée, calme devant ces provocations. En quelques occasions, nous avons dû riposter pour remettre les voyous à leur place sans jamais nous départir de notre attitude modérée et posée.
Les habitudes lâches des communistes vietnamiens de se servir des apports étrangers pour frapper leurs propres compatriotes n’ont cessé que récemment. Nul ne sait si cela est dû à un changement de stratégie des communistes vietnamiens ou au fait que les voyous ont pris peur depuis les affrontements de Grenoble.

De même en 1968, en réponse à une grande interrogation de l’histoire, l’Alliance des Ouvriers et des Etudiants Vietnamiens (Liên Minh Công Nhân và Sinh Viên Việt Nam) a vu le jour. Cette création a pour objectif de constituer un instrument de lutte notamment en prévision d’un passage de la lutte armée à une lutte politique entre les nationalistes et les communistes. En 1971, quand toutes les analyses politiques ont conclu qu’il n’y aurait pas de place pour une intense lutte politique, l’Alliance a décidé sa dissolution.

L’AGEVP a repris alors son rôle dans une lutte de longue haleine.

Toujours en 1968, le bi-hebdomadaire « Đây Sinh Viên » (Ici les étudiants) est fondé à des fins totalement politiques. En tant que dirigeants principaux de Tổng Hội, les créateurs ont estimé qu’à ce moment, il est nécessaire de constituer un noyau permanent pour soutenir et guider les différents Bureaux exécutifs, dont la composition est appelée à changer chaque année, à affronter le parti communiste vietnamien. Le magazine « Đây Sinh Viên » a cessé de paraître après 45 numéros.

1968-1973

Quatre Bureaux exécutifs et un Bureau intérimaire chargé des affaires courantes se sont succédés depuis fin 1968 sur une voie déjà tracée, s’efforçant à s’améliorer et développer une politique nationaliste progressiste.

Cette continuité témoigne de la stabilité de Tổng Hội.

Cependant, il nous a fallu reconnaître que les activités amicales comme les Journées Sportives Européennes, les soirées du Têt, ont commencé à prendre de plus en plus de temps. D’un autre côté, la politique nationale est désormais solide, la place de la République du Vietnam est consolidé, les aspects formation ou entraînement n’est plus la priorité numéro un. L’AGEVP redevient une association d’étudiants issus d’un pays dont le sort n’est plus menacé, ses efforts politiques restent importants, toutefois, la place des activités amicales et fraternelles est devenue plus prépondérante.

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1968 : manifestation devant le Centre de conférences Kléber contre les négociations entre les Etats-Unis et le Nord Vietnam

Parmi les événements marquants de ces années, on peut citer :
– Les manifestations devant le Centre de Conférences Internationales Kléber lors de l’ouverture de la conférence des quatre délégations.
– Les discussions entre les représentants de l’AGEVP et le Président de l’Association Générale des Étudiants de Saïgon au sujet des manifestations ayant eu lieu à Saigon.
– L’occupation du consulat général. L’AGEVP a envoyé un télégramme au Président de la République du Vietnam, au premier ministre, aux présidents des 2 chambres parlementaires pour réclamer la libération des étudiants arrêtés.
– Lors du Congrès des étudiants en Décembre 1969, le groupe « Hướng Về Đất Việt » (Vers la terre vietnamienne, HVDV) a été publiquement condamné, l’AGEVP s’est montrée ferme envers ce groupe pro-communiste agissant au sein des rangs nationalistes.

En parlant du groupe « Hướng Về Đất Việt », il convient de rappeler leur passé. Fondé en 1965, ce groupe est issu d’un assemblage entre des éléments dissidents du groupe « Les Indépendants » et d’un certain nombre d’étudiants ne souhaitant pas agir publiquement bien qu’ils soient déjà des soutiens efficaces de Tổng Hội. Ce groupe nationaliste ont pour ambition de trouver une politique nationaliste progressiste. Les différents Bureaux exécutifs n’ont vu aucun inconvénient à leur présence. Au contraire, il y a dans chaque Bureau exécutif la présence d’un ou deux éléments de HVDV.

Le changement de cap du groupe est survenu après le Têt Mâu Thân. Devant les attaques féroces des forces communistes, ils ont pris peur – une des caractéristiques communes des membres de HVDV est d’être craintif – et ont commencé à préparer le terrain pour se rapprocher du camp communiste.

L’AGEVP les a sévèrement avertis. Une séance d’explication a eu lieu entre les représentants du groupe HVDV et ceux du groupe « Đây Sinh Viên », alors noyau dirigeant de l’AGEVP, avec comme résultat un accord amiable. Malgré cela, HVDV ont persisté dans leur attitude défaitiste et de traîtrise, obligeant Tổng Hội à conclure que le temps de les exclure est arrivé. La stratégie d’exclusion s’est déroulée en 2 phases :
– Tout d’abord avertir discrètement les membres de Tổng Hội quant à l’attitude de HVDV dans le cadre de l’association tout en entravant les actions du groupe.
– Pour finir, à partir de l’Assemblée Générale de Décembre 1969 alors que tout est fin prêt, Tổng Hội a publiquement condamné le groupe.

Depuis lors, le groupe « Hướng Về Đất Việt » s’est éteint rapidement, abandonné par une majorité de ses sympathisants, les quelques éléments restants sont absorbés par le camp communiste.

Il convient également de citer les 2 camps d’été se déroulant au Vietnam. Bien qu’organisé dans un cadre d’activités amicales qui seront relatées dans les paragraphes suivants, ces camps ont eu un impact politique notable. Certains étudiants, auparavant pas très engagés, sont devenus des cadres très actifs après avoir visité le pays.

Il ne faut pas non plus oublier les conférences organisées par l’AGEVP avec la participation de personnalités importantes, tant au sein du gouvernement comme à l’extérieur et la manifestation organisée le jour de la signature des Accords de paix de Paris avec la participation de plus de 200 étudiants venant de toute l’Europe.

Finalement, l’événement le plus important de toutes ces années serait la manifestation du 14 Mai 1972 dénonçant l’invasion des forces armées de Hanoi. Les étudiants et résidents vietnamiens en Europe ont prouvé leur attachement profond envers leur patrie et la juste cause nationaliste. La capacité de mobiliser l’opinion publique de l’AGEVP s’est avérée intacte.

1973-1974. Un nouveau souffle

L’année 1974 marque les dix ans de lutte de l’Association Générale des Etudiants Vietnamiens de Paris. Un nouveau Bureau exécutif, nombreux et jeune, prend les rênes de l’association. Ils sont dans la vingtaine pleins d’idéaux et de passion. A la création de l’AGEVP comme dans les moments de lutte les plus difficiles de l’association, ils étaient encore en couches ou en apprentissage dans des lycées au Vietnam. Aujourd’hui, ils dirigent Tổng Hội.

A travers leur slogan « Dix ans de progrès », ils veulent avancer dans la continuité, exploiter toutes les potentialités anciennes comme nouvelles de l’association. Leur programme donne la priorité à la lutte politique. Ils représentent une nouvelle avancée, un nouveau souffle pour Tổng Hội et aussi pour le mouvement nationaliste hors du Vietnam.

En résumé, les 10 années de lutte politique de Tổng Hội ont été dix ans de persévérance, de souplesse et de courage. Face à l’organisation rigoureuse et aux ressources abondantes du camp communiste, nous avons su nous opposer de manière scientifique et efficace. Devant les errements du groupe « Tự Lập », nous avons été patients et confiants qu’une politique dynamique et réaliste finira par prévaloir et nous n’avions pas tort. Confronté aux trahisons du groupe « Hướng Về Đất Việt », nous avons également su combattre avec méthode. Nous avons toujours pu garder notre sang froid pour ne pas laisser la colère nous aveugler.

Et l’AGEVP avance, surmontant tous les obstacles, gagnant en force et en solidarité chaque jour.

L’histoire de Tổng Hội fait partie intégrante de l’histoire d’une nouvelle génération courageuse et tournée vers le progrès. Durant les années les plus sombres de l’histoire, nous nous sommes courageusement détournés de toute rhétorique prête à l’emploi, de tout slogan facile, de tout suivisme à la mode. Nous avons fait fi de l’opinion publique européenne endormie par la propagande communiste, nous avons accepté la détestation de certains nos compatriotes, un peu trop simplistes et trompés par le camp communiste. Nous nous sommes résolument opposés à toute une organisation communiste internationale à laquelle s’est adossée la déclinante faction communiste vietnamienne en France pour nous oppresser. Quel que soit l’obstacle, nous avons persévéré dans notre lutte pour un idéal que nous avons jugé conforme avec les destinées du peuple.

Le présent a démontré que nous avons pris la bonne voie. L’avenir nous montrera que nous avons totalement raison.

III. Dix ans d’activités

Dix ans d’activité dans le domaine étudiant sont autant d’années d’entraide à travers des classes de soutien, des séances d’accueil de nouveaux arrivants, des heures de visite des étudiants hospitalisés, de multiples interventions en faveur des étudiants rencontrant des problèmes pour leurs bourses, pour leurs transferts d’argent, pour leurs visas, etc.

Ces dix ans sont également des journées d’études collectives jusqu’à deux, trois heures du matin, des débats passionnés voire explosifs, des fous rires sincères une fois la compréhension mutuelle acquise.

Ces dix ans sont aussi 10 Soirées du Têt, 10 Camps d’été, 4 Soirées d’été, 10 Journées Sportives, 2 Soirées artistique de collecte de fonds en faveur des compatriotes à l’intérieur du pays. En somme, ce sont dix ans de fraternité qui servira de fondement au combat politique.

Les Soirées du Têt

La toute première Soirée du Têt a eu lieu à la Cité Universitaire avec plus d’un millier participants. Même si c’est moins grandiose que les éditions suivantes, cette première a jeté les bases pour les activités artistiques de l’AGEVP.

Les soirées suivantes se sont déroulées au Palais de la Mutualité avec plus ou moins 3.000 personnes. Ces 5 dernières années, la salle de spectacle est constamment bondée, aucun siège de disponible, même les places debout sont prises d’assaut, les retardataires doivent rester dans le couloir menant à la salle pour écouter les échos du spectacle. Les Soirées du Têt se ressemblent les unes des autres. Deux mois avant, tout le monde se prépare activement à l’Institut franco-vietnamien. Comme chaque année, la très fournie chorale constitue toujours un moment spectaculaire même si sa prestation ne dure que 15 ou 20 minutes. Préparer la chorale est très coûteux mais également très joyeux. Les filles sont toujours favorisée avec une nouvelle robe et un nouveau modèle de foulard chaque année.

Comme chaque année, la très fournie chorale constitue toujours un moment spectaculaire

Comme toujours, les préparatifs du Têt commencent pas des engueulades, des disputes pour finir ensuite avec des tapes dans le dos, des poignées de main de chaude réconciliation et de rires francs.

Les 2 missions les plus ingrates lors des soirées du Têt sont sans aucun doute les travaux de confection et la restauration des collaborateurs. Celui désigné pour assumer la restauration fait souvent la grimace. Il lui faut beugler fortement pour faire respecter les règles de discipline et pour faire le ménage ensuite.

L’équipe chargée des travaux de confection doit créer des costumes de scène, des chapeaux traditionnels, sculpter des épées en bois, fabriquer des éléments de décor et comme chaque année, doit travailler sans relâche plusieurs jours consécutifs jusqu’à une ou deux heures du matin. Comme les autres fois, tout est toujours bien planifié pour que les choses soient prêtes une semaine avant et bien sûr, c’est toujours à quelques heures du spectacle que les travaux sont achevés.

Les gars les moins adroits en travaux manuels et qui chantent comme une casserole sont d’office affectés au service d’ordre, aux équipes de colleurs d’affiche et ainsi passer une partie de la nuit … dans un commissariat de quartier.

Les Soirées du Têt se ressemblent dans leur déroulement, néanmoins, il est possible de constater des progrès notables sur le thème du spectacle et l’aspect technique ainsi que l’amélioration des moyens.

La première année en 1964, il a fallu récupérer des poubelles jetées dans les décharges pour les transformer en cage enfermant le héros Phi Khanh.

En 1966, l’ensemble du Comité d’organisation du Têt n’a eu à sa disposition qu’une seule petite Dauphine, plus encline à tomber en panne qu’à rouler. Ceux qui ont contribué à l’organisation n’ont sans doute pas oublié les galères pour le transport du matériel. Un grand froid est tombé cette année là, la température descendant en dessous de -15° durant toute la semaine. Le responsable des éléments de décors a vu les choses en grand sans disposer de moyen de transport. Les membres de son équipe ont dû transporter péniblement tout à pied jusqu’au Palais de la Mutualité de 12h jusqu’à 19h, certains faisant 6, 7 allers-retours. Sur les rues rendues glissantes par la neige verglacée, certains sont tombés à quatre pattes, les éléments de décor s’éparpillant jusqu’à l’autre côté de la rue.

Une autre année, le magnétophone dont les conditions de transport ont été probablement cavalières, s’est subitement décidé à ne plus fonctionner. Quatre cinq ingénieurs informaticiens se sont précipités à son chevet sans aucun résultat. Les spectateurs ont déjà fait salle comble. Puis soudain, le magnétophone s’est remis en marche. Quelle frayeur ! La leçon a été tirée et depuis lors, 2 magnétophones sont prévus !

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Une autre année encore, à peine arrivé, le président a avoué avoir égaré son discours. C’est ainsi que deux des membres du service d’ordre ont été immédiatement réquisitionnés pour l’assister à réécrire son discours en coulisses.

A propos des Soirées du Têt, il ne faut pas omettre les expéditions en province afin d’aider les autres amicales à organiser les leurs, tout comme les soirées dans les résidences universitaires. Chaque année, la section artistique de l’AGEVP a pu jouer un rôle efficace. Une fois dans une résidence, alors que la pièce de théâtre est arrivée à un moment « chaud », un « acteur nouvellement entré dans la profession » s’est senti tellement gêné qu’il s’est dirigé tout droit vers les coulisses, laissant son partenaire se débrouiller seul, à l’insu des spectateurs !

Les soirées estivales

Les soirées culturelles estivales ne sont plus organisées désormais car elles font baisser d’une manière effrayante le taux de réussite aux examens et d’ailleurs, il est assez difficile de trouver des salles à des dates satisfaisantes. A leur place, des petits événements artistiques plus intimes sont organisés.

La plupart des soirées estivales se déroulaient à la Mairie du 14è. L’ambiance de ces soirées était plutôt joyeuse, simple et plus ouverte comparativement aux soirées du Têt. Il faut ajouter que la principale victime des soirées du Têt est le Bureau exécutif du mandat suivant car ces dernières soirées sont toutes déficitaires.

Les camps d’été

A l’exception d’une année où l’annulation a été décidée soudainement à la dernière minute, les camps d’été ont eu lieu tous les ans. Le tout premier camp s’est tenu à Sète dans le sud de la France et celui de l’année suivante en Espagne. Ce pays est souvent favorisé et 2 autres camps y sont encore organisés par la suite.

L’édition 1966 est la plus « toxique » car tous les soirs un séminaire politique est organisé. L’édition la plus amusante a eu lieu en Italie en 1968, dans un endroit rebaptisé en village « Giao Chỉ ». Le village est pourvu de tous ses notables, incluant même une station de radio de même nom. Les camps en France sont très chargés en séminaires tandis que ceux d’Espagne sont plutôt calmes et cools.

Enfin les 2 camps les plus importants ont eu lieu au Vietnam en 1971 et en 1973. Ceux qui n’ont pas pu y participer ont dû regretter vivement. Durant un mois, les participants ont pu visiter tout le pays, des campus universitaires aux champs de bataille dévastés.

Ces camps ont été d’efficaces cures de désintoxication. Chacun a pu constater que le pays bien que dévasté n’est pas pour autant décadent et aussi sombre que la propagande communiste l’a souvent décrié. Et surtout, aucune raison de céder au découragement ! Chacun a ressenti la vitalité émerger de tout un peuple. En particulier, le camp en 1973 dénommé « Le grand cercle » (Nối vòng tay lớn) et organisé au Vietnam même. Les échanges entre les enfants du pays étudiant dans les universités locales et ceux faisant leurs études à l’étranger ont été sincères et la compréhension totale entre eux. Ces camps ont été un puissant catalyseur pour le mouvement de retour au pays depuis ces trois dernières années.

Les journées sportives des Vietnamiens d’Europe

S’agissant des Journées sportives, il faut féliciter grandement la section sportive. Sur huit éditions, l’AGEVP a obtenu 7 fois la première place au trophée de la meilleure équipe et une fois la seconde place. Les 8 éditions ont également été autant de liens affectifs attachant les étudiants de toute l’Europe.

Les cours de soutien

Les cours de soutien ont maintenant passé un autre cap, les professeurs se rendent désormais directement au domicile des étudiants. Les premières années, les cours avaient lieu au siège, à la Maison d’Indochine ou à l’Institut franco-vietnamien. Il y avait parfois dans une même salle cinq ou six cours différents.

Le cours ayant le plus de réussite était celui en médecine avec 9 étudiants sur 10 admis au concours d’entrée. Le cours rayonnant de bonheur était celui en économie. La fusion entre maître et élève ont fini par produire un petit collégien.

Les activités d’entraide

Chaque année ont eu lieu des activités d’entraide ou de solidarité telles les visites aux étudiants hospitalisés, aux enfants handicapés en cours de traitement, les aides en faveur des étudiants ou compatriotes ayant des difficultés dans l’obtention de bourse, de transfert de fonds ou de visa. Une idée en pleine émergence a été que l’association parraine un collège au pays. Il est plus que probable que cette idée se concrétise un jour prochain. Par ailleurs, l’AGEVP n’oublie pas de lancer des aides pour les étudiants nouvellement arrivés, pour leur hébergement, les formalités administratives, etc.

Au sein de l’AGEVP, il est à remarquer le phénomène du tutorat, les étudiants ayant terminé leurs études, commencé à travailler et disposant de quelques économies viennent en aide aux jeunes encore en étude et un peu à l’étroit financièrement.

Dix années bénéfiques pour la nation de demain.

IV. 10 ans au service de la patrie

Face à l’Histoire et au peuple, face à la situation particulière de préserver la tradition nationale et de sauvegarder la liberté, face à la menace d’un régime communiste autoritaire et décadent, avec la volonté de construire une démocratie pour le pays sur des bases de progrès pour le peuple, l’Association Générale des Etudiants Vietnamiens de Paris à vu le jour. Depuis, qu’a réalisé l’Association pour le pays ? Edifier une nouvelle conscience d’action. En rupture avec les mauvaises manies du passé, l’AGEVP a préconisé une nouvelle conscience et une nouvelle philosophie d’action. Cette philosophie pourrait se résumer dans ce slogan : « Soyez de bons citoyens avant tout !« . En travaillant ensemble, nous avons pu développer une conscience de travail pour la communauté. Nous avons mis en pratique l’expression « construire les infrastructures de base » que d’autres ont exprimée naguère sans comprendre véritablement sa signification. L’AGEVP a ainsi été un socle, une infrastructure. Dans le contexte du Vietnam, au regard des mouvements de jeunesse à l’intérieur comme à l’extérieur du pays qui ont connu des hauts et des bas au fil des unions ou désunions, nous pouvons avoir quelques motifs de satisfaction. Etant parmi les associations ayant le plus de difficulté, se trouvant à la croisée des idéologies mondiales, devant adopter des attitudes, des lignes politiques claires, ayant à concilier des points de vue différents voire antagonistes, l’AGEVP a pourtant été toujours solide et mieux encore, de plus en plus forte et unie. A côté des mouvements de jeunesse vietnamiennes et même des organisations de jeunesse de lutte politique dans le monde, l’AGEVP peut se targuer d’avoir battu tous les records de solidité et de régularité.

Vaincre les organisations communistes à l’étranger

Partant de zéro, nous avons pris forme, progressé et réussi à stopper et à repousser une organisation communiste à l’étranger, pourtant bien établie et disposant de ressources considérables. Lors de notre création, les communistes ont prédit notre rapide effondrement. Mais ils se sont trompés, nous avons gagné chaque jour en puissance alors qu’ils n’ont cessé de reculer. Nous avons dépassé le camp communiste sur la conscience politique. Le fait que récemment ils ont battu en retraite sans oser débattre avec nous sur un sujet pourtant à leur choix, a été une preuve concrète de leur infériorité morale. Nous avons pu également mesurer notre succès en observant que certains de nos anciens camarades communistes sont désormais devenus de membres actifs de l’AGEVP. Un autre fait très parlant. Le gouvernement de la République du Vietnam a jusqu’alors considéré la France comme un pays dangereux et s’est montré réticent d’y envoyer des étudiants par crainte de l’effet de la propagande communiste sur ces derniers. Désormais, elle a écarté ces hésitations, considérant la France comme un territoire sûr. Mais un regard vers le passé ne doit servir qu’à encourager le futur, nous ne devrions pas nous accorder de certificat d’auto-satisfaction de premier ordre mais aller encore plus de l’avant, savoir nous faire des critiques et nous corriger. La satisfaction entraîne l’auto-destruction.

L’AGEVP a été un catalyseur du mouvement de retour au pays des étudiants.

Un cadeau pour la patrie

Finalement, le résultat le plus précieux que nous avons offert à la patrie est le retour au pays de ceux qui ont terminé leurs études. Depuis trois ans, près de 300 Personnes sont rentrées de France pour servir leur pays. Rien qu’à Paris, pas loin de 200 Personnes sont dans ce cas. Qui sont-ils ? Réponse : ils sont tous des cadres, des membres et des sympathisants de l’AGEVP. Parmi ceux rentrés de Paris, 95% ont été cadres ou membres de l’association. Nous pouvons affirmer que l’AGEVP a été un catalyseur du mouvement de retour au pays, pour le servir. Cela a été une immense joie pour nous tous. En face de nous, qui sont les communistes. Ils ne sont pas rentrés au Sud pour servir, ce qui est compréhensible. Sont-ils rentrés au Nord ? Non, pas un seul ! Ils sont restés à l’étranger, pour contribuer à la richesse de l’Europe et pour chercher un confort pour leur propre personne. Comme c’est facile d’aimer son pays ! Demain notre pays sera meilleur. Quand les champs de bataille deviendront des rizières, les décharges laisseront des chantiers, les enfants maigrichons des professionnels pleins de joie de vivre, nous accueillerons à bras ouvert nos camarades communistes de retour au sein de la grande famille. C’est ainsi la réconciliation nationale. Enfin, à tous les cadres en charge des destinées de l’AGEVP aujourd’hui et demain, à tous ceux qui sont rentrés servir la patrie ou qui vont rentrer, à tous les camarades de l’association, je souhaite vous offrir ces quelques vers maladroits :

Tổ quốc hôm nay rộn lòng tất cả
Trai, gái, trẻ, già mọi lớp quân dân
Sinh lộ chật người, bước đều vội vã
Trở ngại vượt qua, thắng lợi tới gần

Chúng tôi, những người cùng chung thế hệ
Chung một niềm đau, thương nước mẹ hiền
Quyết gạt căm thù, quyết xua phân hóa
Đứng dậy cùng hô « Tổng Hội Sinh Viên ».

Notre patrie est aujourd’hui pleine d’effervescence,
Hommes, femmes, jeunes et vieux, civils et militaires
Les rues sont bondées, chacun se presse d’un pas régulier
Surmontant les obstacles, la victoire est proche.

Nous, de la même génération,
Partageant la même douleur, aimant notre chère mère patrie,
Déterminés à éliminer la haine, à chasser la division,
Levons-nous ensemble et clamons ‘Tổng Hội Sinh Viên’.

Nguyễn Gia Kiểng