Décennie 1994 - 2003
Một con tim, một màu cờ
Un seul cœur, une seule couleur
En cette année 1998, l’AGEVP a émis le souhait de commémorer le cinquantenaire du drapeau du Vietnam républicain. Celui à fond jaune frappé de trois bandes rouges, “cờ vàng ba sọc đỏ” comme on a l’habitude de dire dans la communauté des Vietnamiens libres, ou encore plus simplement “cờ vàng”.
Aussitôt le Tết Mậu Dần passé, l’AGEVP a lancé une invitation à de nombreuses associations vietnamiennes libres d’Ile-de-France pour discuter du projet. Une douzaine d’entre elles ont accepté de faire partie du comité d’organisation et toutes ont souhaité confier la chefferie du projet à l’AGEVP. C’est ainsi que Vũ Quốc Thao, ancien président de l’AGEVP et initiateur du projet, et Nguyễn Gia Hiển, président en exercice, ont été nommés respectivement président et trésorier du comité du “Cinquantenaire du drapeau du Vietnam” (Đại lễ 50 năm Quốc kỳ Việt Nam).
Dès le début, l’idée était d’organiser un défilé festif dans le quartier asiatique du 13ème arrondissement de Paris, à l’instar de celui des commerçants pour célébrer le Nouvel An asiatique. C’était un défi pour les associations vietnamiennes car elles ne disposaient pas des mêmes moyens logistiques et financiers que les grandes enseignes commerciales du quartier.
La date du défilé était fixée au dimanche 21/06 car elle était la plus proche de celle du 05/06/1948 de la création officielle du drapeau. Lorsque la nouvelle de cette commémoration a été officialisée, ce fut avec émotion que l’AGEVP reçut des messages d’encouragement et de soutien des associations et des organes de presse vietnamiens de par le monde. Le regard du monde entier était braqué sur Paris et sa fameuse commémoration à valeur hautement symbolique à venir.
Cependant, l’organisation de cet événement s’est avérée beaucoup plus compliquée que prévu, le comité du cinquantenaire a dû prendre la décision de décaler la date du défilé au 13/09. Ce report a provoqué quelques inquiétudes des communautés vietnamiennes qui attendaient avec beaucoup d’intérêt cette commémoration.
Finalement, le comité organisateur a pu maintenir l’événement pour le 13/09. Dit comme ça aujourd’hui, tout a l’air simple, mais à l’époque, la tension était à son maximum. C’était la première fois que les Vietnamiens organisent un défilé dans le quartier commerçant asiatique sur l’avenue d’Ivry, en partant du boulevard Masséna et en terminant à l’avenue de Choisy. Nous n’avions pas d’appuis logistiques (parking, sous-sols) comme les commerçants du quartier. La préparation se faisait un peu partout et tout était rassemblé à la Halle Georges Carpentier tôt le matin même.
Le jour J, pendant les préparatifs, il pleuvait légèrement. L’inquiétude se lisait sur les visages mais la décision a été de maintenir le défilé. Au moment du départ, tout d’un coup, la pluie a cessé. Certes, il faisait un peu frais pour les femmes et jeunes filles qui défilaient en tunique (áo dài) mais c’était jouable avec une petite laine. Tout au long des deux heures du défilé, il ne tombera plus une seule goutte de pluie. Le ciel était avec nous !
Le cortège s’élança vers 10h00 avec à sa tête la banderole du cinquantenaire et un immense drapeau. Juste derrière suivait une camionnette à partir de laquelle étaient déroulés des grands rubans jaunes et rouges. Toute la circulation était bloquée. Nous venions de prendre possession de l’avenue d’Ivry !
La procession se voulait festive, elle fit régulièrement des pauses pour différentes animations telles que la danse de la licorne, les démonstrations d’arts martiaux et quelques danses fraîchement exécutées pour le spectacle du Tết (et on s’est rendu compte que ce n’est pas pareil de danser dans la rue que sur une scène). Un haut-parleur expliquait la signification de la commémoration. Des petits drapeaux étaient distribués aux passants. Il n’y a pas eu d’incident malgré la portée politique de l’événement. Au contraire, quelques Vietnamiens faisant leurs courses dans le 13ème – certains d’entre eux venaient de province ou des pays limitrophes – s’étaient joints au cortège pour nous accompagner un bout de chemin.
Le défilé fut un succès total. L’ambiance était joyeuse, bon enfant, et surtout, fédératrice. Et le plus étonnant, c’est lorsque la procession eut fini son parcours et rejoint la Halle Georges Carpentier, il s’était mis à pleuvoir sur les pavés qui, quelques instants avant, étaient pleins de vie.
La deuxième partie de la commémoration se déroula à l’intérieur. Elle est de facture plus classique mais non moins intéressante. Elle débuta avec les cérémonies de salut aux couleurs et la minute du silence. Puis, des personnalités de la communauté ont prononcé des discours ayant trait au drapeau. Des artistes sont venus apporter leurs concours à travers des chants. Enfin, les résultats du sondage sur l’image du drapeau républicain au sein de la communauté vietnamienne de Paris ont été projetés et commentés.
La commémoration s’est achevée dans une atmosphère chargée d’émotion. Le public tardait à partir comme s’il voulait prolonger encore ce moment. La Halle Georges Carpentier était remplie, les enfants repartaient en agitant les petits drapeaux qu’ils ont reçus. Concernant le défilé, l’estimation de la police faisait état de 500 à 600 participants, et nous savons qu’en général il faut multiplier ce chiffre au moins par 2.
Suite à la commémoration, un livret récapitulatif fut édité en guise de trace de cet événement pour la postérité.
Quels ont été les impacts de cette initiative ? L’idée a inspiré des communautés des Vietnamiens libres dans le monde, notamment aux Etats-Unis et en Australie, qui ont fêté le cinquantenaire à leurs manières. Elle a aussi donné naissance aux commémorations suivantes pour les 60 puis les 70 ans. Gageons que l’AGEVP sera encore au rendez-vous pour les 80 ans. Enfin, elle a montré une fois de plus la capacité de l’AGEVP d’innover, de prendre des risques et d’être le moteur de la communauté des Vietnamiens libres.
Nguyễn Gia Hiển
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