Décennie 2014 - 2023
2014 - 2023 : et vive la jeunesse !
Une année particulière – 2014 – l’année des 50 ans de Tổng Hội ! Cela faisait plusieurs années que parents et enfants, toutes nos petites familles avaient pris un abonnement avec Tổng Hội, TH comme nous l’appelions, et chaque année, comme un sacerdoce, nous revenions dès la rentrée commencer les préparatifs du « Tết », tous débordants d’énergie et d’enthousiasme.
Le Tết 2014 était tout particulier, car il devait célébrer la déjà longue vie de la belle association qui a connu depuis sa naissance tant d’événements et de souvenirs marquants. A 50 ans, elle arrivait à la période charnière du passage de relais entre deux générations, celle des parents arrivés en France à leur jeune âge et s’efforçant de s’adapter à la vie française, et celle des enfants nés en France, qui commençaient leur vie d’adultes. Les premiers avaient été les pionniers, ils ont construit cette association comme leur refuge, leur maison où ils retrouvent leurs amis et aussi leurs habitudes de vietnamiens, où ils se sentent moins déracinés, où le parfum du Vietnam natal se fait sentir. Ils voulaient donner un sens à leurs actions, ils étaient fiers de cultiver Tổng Hội, leur trésor, leur « enfant ».
Les jeunes nés en France s’épanouissaient de leur double culture. Ils étaient fiers d’être français, mais aussi vietnamiens d’origine, ils voulaient prendre en main à leur tour cet héritage si précieux. Ils ont vu œuvrer leurs aînés, leurs parents pour certains, et avaient envie de faire tout aussi bien. Menée par un BCH (Ban Chấp Hành, Bureau Exécutif) 2012-2014 débordant d’enthousiasme, l’association regorgeait d’activités : en dehors des préparatifs du Tết, tout au long de l’année, se déroulaient les cours de vietnamien, le tutorat et la préparation au baccalauréat, tout comme les nombreuses activités sportives, dans la culture de l’entraide entre étudiants.
Mais l’accord n’était parfois pas facile entre ces deux générations, aussi généreuses, mais de vécus différents. Les uns avaient la racine vietnamienne chevillée au corps, les autres une aspiration vietnamienne et une force de vie occidentale. Le credo des uns n’était pas forcément la priorité des autres, et il n’y a pas eu de mode d’emploi pour le passage de témoin.
Le Tết 2014 a ainsi reflété un malentendu entre générations. Les anciens se sont donné pour but de mettre en valeur les pages d’hier, rendre un hommage au passé, à l’histoire parfois douloureuse du Vietnam. Les jeunes avaient leur vision propre de la célébration du cinquantenaire et fondaient leurs espoirs dans l’avenir. La fête, au final, n’a pas atteint toutes les attentes.
Nous avons souffert de cette occasion manquée. On se demandait comment renouer le lien, se retrouver et repartir. Puis doucement, en se laissant du temps, était apparue l’évidence qu’il fallait revenir, qu’il fallait se serrer les coudes, les retrouvailles seraient douloureuses, mais nécessaires, car il n’était pas concevable que l’aventure s’arrêtât là.
Juin 2014. On s’est beaucoup parlé, on a partagé les doutes, mais aussi les espoirs et les envies. D’abord, constat de ce qui n’a pas marché, de ce qui a clivé, pour réfléchir sur une autre vision plus inclusive, sur des solutions permettant de s’élever au-dessus des différences pour pouvoir se réunir et se donner la main. Reconnaître les fondamentaux de Tổng hội, réaliser qu’il y a plus de choses qui nous unissent que nous séparent. Se dire que nous avons un lien commun, par notre origine vietnamienne. Une origine peut-être lointaine en distance mais en réalité si proche par l’héritage culturel et historique qui nous est transmis par nos familles, avec ses valeurs et ses richesses. Cette source commune est fédératrice, elle est comme une matrice originelle qui nous rassemble et qu’il faut cultiver. Trois credo émergent comme une évidence :
préserver la culture vietnamienne, défendre la liberté au Vietnam et préparer la jeunesse
On s’est retrouvés pour constituer un nouveau bureau autour du nouveau président Nguyễn Hào. Un bureau restreint, avec des jeunes et des moins jeunes, des personnes de bonne volonté qui apprennent d’abord à se connaître pour s’apprécier ensuite. Nous venons de différentes sections, sport, tutorat, Văn nghệ (spectacle), BCV (Ban Cố Vấn, Comité Consultatif), BCH sortant, nous nous connaissons déjà un peu pour avoir travaillé ensemble, notamment pour le Tết, et nous tâchons de nous écouter, pour que tout puisse être discuté ensemble.
ENSEMBLE est le maître mot. Il est crucial de rétablir le contact entre les générations et entre les différentes sections de TH pour construire de nouveaux projets sans négliger personne. La section artistique draine depuis toujours beaucoup d’espoirs, car les jeunes qui montent sur scène ont en eux-mêmes le désir de connaître et faire connaître la culture vietnamienne, ils sont entrés dans la section amenés par leurs parents ou accompagnant leurs aînés, et la folle ambiance qui y règne est un véritable catalyseur d’énergie pour la jeunesse de TH. De l’âge de 5 ans (parfois plus tôt!) jusqu’à 25 ans, tous n’ont envie que de recommencer la belle aventure à chaque rentrée.
Le rajeunissement du BCH apporte une vision nouvelle des activités, dans tous les domaines.
A commencer par la section artistique, où à côté des danses traditionnelles, le souffle nouveau du Hip hop amène une vision moderne de la chorégraphie. Nos jeunes se lancent à cœur joie dans les mouvements les plus rythmés en parfaite synchronisation, produisant des numéros spectaculaires au Festival du Têt, autant prisés par les spectateurs que les danseurs eux-mêmes.
Ce nouveau style de danse va susciter un engouement incroyable, attirant sans cesse de nouveaux jeunes dans la section Văn nghệ ! La meilleure preuve de succès, c’est l’appréciation du public : le nombre de places vendues au spectacle ne cesse de croître chaque année, pour donner une salle comble à l’Opéra de Massy en 2018 !
La Section sportive continue sa belle évolution, avec près de 200 pratiquants réguliers, qui cherchent un cadre pour la pratique de leur sport dans des conditions financières raisonnables – l’esprit de TH a toujours été de permettre la pratique sportive à tous, en équilibrant les cotisations à la location des gymnases sans bénéfice autre.
Outre les entraînements et les compétitions hebdomadaires, à chaque début de l’été, est organisée la Journée Sportive où les athlètes comme les amateurs peuvent rivaliser dans leur discipline favorite, volley-ball, badminton, tennis de table, tennis, football, avant de se retrouver à la buvette de TH, autour d’une collation et d’un sandwich concocté par les gentilles demoiselles et les mamans de l’association.
Ces moments joyeusement partagés entre les différentes sections remportent énormément de succès, tout comme les Camps d’Été rassemblant toute l’association autour de jeux, d’animations, de chants et de rires et les Journées du Téléthon tous les débuts décembre depuis 2015.
Dans la formation des jeunes, le cours de vietnamien est un autre témoin du nouvel élan de l’association. Continuant l’impulsion du précédent bureau, le cours répond à l’intérêt pour la langue vietnamienne des Français de conjoints vietnamiens, et aussi des jeunes d’origine vietnamienne nés en France, ou nés au Vietnam et adoptés dès le plus jeune âge. Ces jeunes entre 20 et 40 ans (et d’autres plus âgés parfois) veulent découvrir cette langue, la comprendre et la parler. C’est ce désir si beau qui a motivé plusieurs bénévoles de TH à poursuivre l’enseignement du vietnamien, certains venant d’autres associations par sympathie pour TH (encore un grand merci aux amis de l’Amicale Paris Sud « Orsay »). Chaque cours de vietnamien donne lieu à 2 heures intenses de pratique avec un suivi et une attention donnée à chaque élève. Le nombre d’inscrits augmente chaque année, pour atteindre une soixantaine d’élèves en 2019, à répartir en différentes classes : Débutant, Intermédiaire, et Avancé.
Une autre activité star de TH est le cours de cuisine Vietcook. A l’unanimité, jeunes et vieux plébiscitent cette demi-journée passée ensemble autour du fourneau, pour échanger entre générations les « bí quyết » des plats vietnamiens. Ces rendez-vous bimensuels, à l’image des émissions de cuisine, étaient rapidement pris d’assaut, et tous les chefs en herbe se souviendront longtemps du parfum savoureux des bánh bao, des bún chả et autres chả cá qui embaument le siège.
Le tutorat pour la préparation au baccalauréat a été poursuivi plusieurs années grâce à la ténacité de jeunes de TH, eux-mêmes anciens élèves du tutorat et soucieux de donner à leur tour un coup de pouce aux nouveaux lycéens. Vaille que vaille, en avril s’organisent des semaines de mise à niveau en maths et physique, et les professeurs bénévoles sont bien heureux d’apprendre que tous leurs élèves réussissent chaque année au baccalauréat.
Grandissant dans la société française, et conscients de leur origine, les jeunes expriment l’envie de connaître davantage le Vietnam, non pas seulement par le récit de leurs parents, mais aussi par des sources extérieures en se référant à une documentation écrite, ou mieux encore au contact des spécialistes du Vietnam.
Ainsi sont nés les Fils rouges, avec pour ambition de favoriser la compréhension du Vietnam contemporain, que ce soit dans le domaine géopolitique, sociologique, culturel, par la rencontre avec des chercheurs, économistes, enseignants référents du Sud-Est asiatique ou du Vietnam en particulier. Plusieurs conférences – débats, présentations d’ouvrages et avant-premières de films ont été des points clés dans la feuille de route des Fils rouges, attirant un public majoritairement jeune, sur des actualités comme les enjeux géopolitiques de la Mer de Chine méridionale (la Mer de l’Est pour les Vietnamiens), l’expansionnisme chinois de la « langue de bœuf », et aussi sur des sujets religieux tels l’origine et les principes du Bouddhisme.
Parallèlement l’histoire du Vietnam interpelle la jeunesse d’origine vietnamienne, en premier lieu sur la question : pourquoi ma famille a quitté le Vietnam, pour venir s’établir en France ou dans d’autres pays dans le monde ? Cette interrogation qui taraude bien des esprits, est à l’origine d’un projet de TH d’aller interroger quand il était encore temps, des personnes qui ont été témoins et acteurs du XXe siècle au Vietnam, afin de comprendre les raisons de cette longue guerre qui a amené le départ de près d’un million de vietnamiens de leur patrie le 30 avril 1975. Cinq années de travail collectif, de recherche et d’interviews auprès d’illustres aînés, certains centenaires, ont abouti à un documentaire à diffusion publique « le XXe siècle du Vietnam : histoire d’un peuple déchiré ».
La connaissance suscite la réflexion, puis l’action. L’étape suivante est l’interaction avec la réalité du terrain. Vers le Vietnam lointain, que certains ont pu aller découvrir de plus près, où la connaissance de la réalité locale questionne sur l’attitude des gouvernants vietnamiens face aux problèmes d’envergure, l’écologie en premier lieu. Pour exemple, la pollution de la faune et la flore des côtes vietnamiennes en 2016, la pollution atmosphérique dans les villes et les centres industriels. Mais aussi l’éternelle question des droits de l’homme, toujours bafouée sur la terre vietnamienne. Des pétitions sur le désastre écologique du centre du Vietnam en 2016, des manifestations pour le respect du droit à la liberté d’expression et la libération des prisonniers de conscience lors des Accords de libre-échange entre l’Union européenne et le Vietnam en 2019, bien des actions ont été menées, avec des résultats plus ou moins marquants ; mais l’essentiel reste que les membres de TH aient conscience que s’ils jouissent ici d’un environnement social, humain et écologique bien favorable, bien des choses restent à faire là-bas au Vietnam.
Mais c’est en France qu’ils ont réellement le pouvoir d’agir. A côté de leurs aînés nés au Vietnam et arrivés en France avec l’impression d’être une communauté en marge, les jeunes nés en France trouvent naturel d’avoir leur place dans la société française. Très vite, l’association participe au Téléthon, motivant justement la solide section sportive pour une journée haute en couleurs de compétitions et solidarité afin de recueillir des fonds pour la recherche. Et très vite, les membres de TH réagissent aux événements qui impactent la société française (attentat de Charlie Hebdo, 2015…)
L’assise sociétale se confirme avec le renforcement des relations avec les autorités françaises. Lorsqu’en 2016 a germé l’idée de créer un conseil représentatif des associations vietnamiennes favorisant les échanges avec les instances politiques et gouvernementales françaises, des personnalités franco-vietnamiennes ont proposé aux responsables de TH de participer à la fondation de ce conseil. Un débat a eu lieu entre le BCV et le BCH quant à la décision d’y participer. Il était évident que la communauté vietnamienne, trop longtemps silencieuse et adaptée à la vie française, semblait transparente pour ne pas dire effacée. Pourtant elle avait des souhaits d’émancipation, de reconnaissance et de responsabilité, et s’unir pour porter une voix commune était un bel objectif. Mais cela signifiait qu’il fallait s’asseoir autour d’une table avec des associations franco-vietnamiennes de conviction parfois différente de la nôtre, et bien sûr, la tentative de récupération politique était facile par les officiels de l’Ambassade du Vietnam.
Après maintes discussions, nous avions compris la nécessité de prendre une part active à la fondation de ce collectif, le Conseil Représentatif des Associations Franco-Vietnamiennes (CRAFV) d’abord pour la raison évidente qu’il n’était pas question de laisser d’autres voix parler pour nous. Cette volonté d’affirmer notre point de vue a pendant un temps été mal comprise par nombre de sympathisants du TH, qui ne toléraient pas de discuter avec « ceux de l’autre bord ». Mais nous étions déterminés à défendre nos valeurs de liberté et de justice, et avions fait prévaloir notre opinion au sein du collectif tout au long de son existence. Du fait de notre présence, des associations pro-Ambassade ont renoncé à intégrer le CRAFV, et d’autres associations amies partageant nos idées se sont jointes à nous, telles l’Union des Vietnamiens Républicains et l’Association des Vietnamiens de Bussy-Saint-Georges. En définitive, le CRAFV avait permis de porter la parole de la communauté vietnamienne à l’Assemblée nationale et au Sénat, et de participer à la restauration de la collection vietnamienne du musée Cernuschi. Et pour nous, la bataille était gagnée dans l’objectif de porter la voix de la communauté vietnamienne libre.
Et cette responsabilité noble et exigeante, Tổng Hội l’assume avec détermination. Avec bientôt 60 ans d’existence, Tổng Hội – une des plus anciennes associations vietnamiennes dans le monde et largement reconnue dans la communauté vietnamienne en France – doit se poser en fédératrice parmi les associations franco-vietnamiennes. Aussi était-ce naturel que TH soit chef de file en 2018 de la célébration des 70 ans du Drapeau Jaune, comme elle l’a été en 2008 pour les 60 ans. Le drapeau jaune à 3 bandes rouges (Les Fils rouges de TH sont ainsi nommés en hommage) est LE Drapeau de l’indépendance du Vietnam, adopté le 5 juin 1948. Être à l’initiative de la célébration de cet anniversaire fort en sens, signifie mobiliser les nombreuses associations vietnamiennes pour élaborer un projet ambitieux et solidaire qui parlerait à toute notre communauté. Pendant des mois, des réunions passionnées se sont déroulées au siège de TH, puis à la Maison des Médecins du Vietnam libre lorsque l’assemblée devenait trop importante par l’adhésion croissante des associations amies. En résultat, en la belle journée du 9 juin 2018, près de 500 personnes, représentant 17 associations ont inondé les rues de notre 13e arrondissement de drapeaux jaunes, des couleurs chatoyantes de leurs áo dài, de chants, de cris de joie et de liberté. De ce bel enthousiasme, est restée l’envie de travailler ensemble pour des causes nobles, de laisser de côté les différences pour un but commun, avec la création du collectif Tinh thần Diên Hồng, qui continue à entretenir la solidarité entre les associations vietnamiennes.
L’année 2018 est aussi une date importante, celle du passage de témoin de la génération des parents à nos jeunes. Après quatre ans de travail, d’écoute et d’échanges, le moment est venu de remettre les clés du Bureau aux jeunes talents, cette fois-ci dans la continuité et le partage. Dès 2016, la discussion a été lancée, et à l’époque nos jeunes étaient encore hésitants, échaudés par les doutes de 2014, craignant de pas « faire aussi bien que les anciens » et se demandant surtout si TH vaut la peine qu’ils y consacrent une partie de leur vie.
Mais l’interrogation « et si demain, à la fin du mandat, on prononce la fin de TH, qu’en pensez-vous ? » a posé la vraie question du devenir de l’association après 12 ans de mandats par des présidents de plus de 45 ans. Alors, la nouvelle équipe du Flambeau est arrivée, forte de son expérience dans le bureau sortant, de son envie de donner « un coup de jeune » à TH et surtout de la belle amitié qui unit et pousse toute une bande de copains à avancer ensemble. Le jour de l’assemblée générale, on se souvient des mots émus de Nguyễn Đình Hoàng, un ancien Président et pilier de TH, entérinant la passation de pouvoir entre le Président sortant Nguyễn Hào et le nouveau Président Nguyễn Quang Trung (Tino, pour les proches). Enfin, un JEUNE Président de 26 ans ! Le relais est passé, une nouvelle ère commence…
Et de belle manière : la jeunesse donne un coup de fouet dans les activités, avec ses techniques de communication, d’échange et de travail. Le lien entre les jeunes passe par les réseaux sociaux, de Facebook et de la chaîne Youtube en 2012, on s’ouvre à Instagram pour atteindre la plus large audience de jeunes. L’information se propage beaucoup plus efficacement. Une activité se discute et se décide de façon rapide et consensuelle, facilitant la réactivité du bureau.
La rencontre entre jeunes est également favorisée, par l’organisation de sorties et de soirées, avec un grand succès permettant d’élargir un beau cercle d’amitié. Pour preuve, la richesse du spectacle du Tết de 2020, sûrement le summum du succès de cette décennie, que ce soit vis-à-vis du public mais aussi dans l’association elle-même, avec une troupe d’artistes enrichie de nouveaux talents, tous heureux de pouvoir donner le meilleur d’eux-mêmes sur la scène de l’Opéra de Massy. La technique du spectacle a aussi bénéficié du « young blood » : un fond de scène en projection vidéo, une nouvelle écriture du scénario, de nouveaux costumes et accessoires de scène. La déferlante jeune est arrivée…
Jusqu’au coup d’arrêt par la pandémie de la Covid.
Après les couleurs du Tết du 09/02/2020, le confinement est imposé le 17/03. Comme pour tout le reste en France, la vie associative est stoppée net. Plus de sport, plus de rassemblement. Le cours de vietnamien essaie de continuer en Zoom à la demande des élèves, mais, peine perdue, la prononciation du vietnamien ne passe pas à l’écran d’ordinateur. Professeurs et élèves se quittent à regret, se promettant de se retrouver dès que possible.
Les sportifs se rongent les freins, et les jeunes artistes bouillonnent dans leurs chambres. Le jeune bureau s’interroge sur la suite à donner devant ce vide inattendu, qui lentement sonne le glas de nombre d’associations, faute d’activité et de participants. Mais l’inquiétude pour la santé n’empêche pas d’avoir envie de vivre.
Après sa reconduction en juin 2020, le BCH et la section artistique décident de reprendre les répétitions, avec l’originalité qu’elles se feront à l’échelle individuelle, dans chaque foyer. Si on ne peut pas se produire sur scène, on surmontera la difficulté par la réalisation de vidéos Youtube de nos danses pour célébrer le Têt 2021. Certes, l’impact sur le public est bien moindre que la représentation sur scène, mais il est essentiel de garder une cohésion et une motivation dans la section artistique malgré le confinement, et de donner en même temps une preuve d’amitié et de fidélité à tous les sympathisants de TH.
Tant est l’envie des jeunes artistes, que l’on décide après une année de restriction en 2021, d’un commun accord de relancer le spectacle en 2022, ce qui immédiatement redonne l’énergie à toute la troupe. Avec ou sans masque, naviguant selon le répit ou la reprise de la Covid, on reprend les répétitions dès octobre 2021, tout comme les cours de vietnamien. La première séance de danse est comme une libération ! Les éclats de rires, la joie des retrouvailles, la sensation d’être de nouveau ENSEMBLE pour vivre une nouvelle aventure, c’est simplement un retour à la vie, un bonheur indescriptible. Les séances s’enchainent et les danses se complètent, le scénario est ficelé, les acteurs sont prêts. Mais en janvier 2022, de nouveau le ciel s’assombrit, la pandémie refait surface, il n’est plus possible de se produire en février lors du Têt, comme prévu. Encore un coup d’assommoir. Mais ce n’est plus possible de se réfréner après tant de mois d’efforts et de labeur. On guette la nouvelle amélioration sanitaire, on se met en quête d’une nouvelle date, d’une nouvelle salle. Ouf ! Le théâtre de Longjumeau est disponible début avril, toute la troupe se remet au travail. TH s’adapte, se plie mais ne se rend pas, le spectacle du Tết Nhâm Dần 2022 aura lieu !
Juin 2022, et déjà arrivent les élections du nouveau bureau. Selon les statuts de TH, chaque bureau a un mandat de 2 ans. Le BCH sous la présidence de Tino a continué d’avancer malgré les difficultés, et après 4 ans, laisse la place à une nouvelle équipe. “La Flamme”, un groupe de jeunes amis venant de la section artistique, se propose pour reprendre “le Flambeau” avec la volonté de poursuivre et développer l’impulsion initiée par leurs aînés et la génération des parents. « Nous sommes les enfants, les petits frères et sœurs, nous brillons aujourd’hui grâce à eux, et c’est maintenant notre tour de prendre les choses en main pour continuer à faire briller l’association« .
Comme Tino, Phạm Nam-Anh est un jeune Président, il a 25 ans cette année. Mais il a envie, comme ses ami(e)s du BCH, d’entreprendre cette belle aventure, en particulier pour 3 raisons :
1. La motivation de perpétuer cette association qui les a réunis et fait évoluer,
2. La volonté de continuer l’œuvre des aînés, dans la promotion de la culture et des valeurs vietnamiennes, de prendre en main l’héritage,
3. L’assurance d’une confiance mutuelle, d’une cohésion et d’une solidarité au sein du groupe BCH.
Les jeunes du BCH savent leur potentiel, leur point fort est une force de travail main dans la main, une entraide et une bienveillance sans faille entre les BCH et BCV, avec l’encouragement de l’ensemble des sympathisants de TH. Cette force tranquille permet d’avancer sereinement et résolument, afin de donner à TH une impulsion renouvelée.
Et déjà les résultats sont prometteurs, puisqu’en 2023 :
– Spectacle : Festival du Têt 2022 à nouveau à l’opéra de Massy faisant salle comble,
– Sport : section de badminton affichant complet aux inscriptions 2023-2024,
– Cours de vietnamien : classe pleine de 30 élèves et appel au recrutement de nouveaux enseignants,
– Événements jeunes : succès des soirées ou sorties à thème (laser game, quizz room, lancer de haches, etc.)
– Réseaux sociaux : extension de la visibilité de l’association auprès des jeunes (chaîne Youtube pour les vidéos du spectacle, Facebook, Instagram, TikTok…)
Surtout, à venir, l’année 2024 avec sa profusion d’événements pour l’Anniversaire des 60 ans de Tổng Hội, tout un programme en cours de réalisation…
HDLH, 12.2023
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