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Décennie 2014 - 2023

L'AGEVP vue par ses jeunes cadres

Que le spectacle continue !

Tous les ans, la section artistique de l’AGEVP organise un spectacle afin de célébrer le Nouvel An lunaire. Danses, chants et sketchs se succèdent afin de donner aux spectateurs la meilleure représentation possible.

Une organisation bien ficelée est donc nécessaire : des réunions pour parler du déroulement, des répétitions pour s’entraı̂ner sur les danses, les chants, les sketchs,… Tout est pensé pour qu’un spectacle de plus de 3 heures soit réalisable.

La première étape ? Une réunion de préparation. Chaque membre de la section artistique a la possibilité d’exprimer ses idées et la façon dont il veut s’investir. Les éléments principaux du spectacle sont discutés : le nombre de danses, de chants, les accessoires utilisés, l’histoire que l’on veut mettre en avant.
Concernant ce dernier point, j’ai eu l’opportunité d’écrire le scénario à plusieurs reprises et c’était une expérience très enrichissante. L’idée de la trame du spectacle de 2023 est venue de ma co-scénariste. Elle l’a présentée à la réunion de préparation et l’histoire a été approuvée par les responsables de la section artistique ainsi que leurs membres.

Le processus d’écriture était très intéressant. Nous avons passé du temps à résumer chaque sketch avant de nous pencher sur les dialogues. Nous voulions créer une intrigue passionnante, y apporter de l’émotion mais également des touches d’humour. Un des challenges était d’inclure toutes les autres scènes (danses, chants, scènes de combat, …) d’une manière cohérente et faire de telle sorte à ce qu’elles entrent dans la trame du spectacle. En effet, ce dernier doit être mené par un fil conducteur et toutes les scènes doivent pouvoir parfaitement s’imbriquer les unes avec les autres et bien s’intégrer à l’histoire.
Il a fallu écrire ce scénario rapidement pour laisser le temps aux différents responsables de l’approuver, aux acteurs d’apprendre leur texte et de répéter les sketchs. On a d’ailleurs pu compter sur des personnes plus expérimentées pour nous guider sur le scénario, la mise en scène et aider les acteurs à donner leurs meilleures performances durant les répétitions.

En tant que scénaristes, on doit travailler avec tous les responsables de scènes, le responsable technique, les responsables artistiques. Une bonne communication avec eux est donc primordiale afin que toutes les attentes soient respectées.
Le jour J, une répétition générale sur la scène de l’Opéra de Massy a lieu le matin. On déroule tout le spectacle du début à la fin et on règle les derniers problèmes. En coulisses, tous les acteurs, danseurs, chanteurs, se préparent à entrer en scène avant que la magie opère.
C’est très valorisant de voir se réaliser, sur une immense scène, un spectacle dont on est, en partie, l’auteur. Il s‘agissait d’une idée née dans nos esprits, qu’on a ensuite couchée sur papier et qu’on a réussi à partager.

Chaque année, le spectacle du Têt connaît un grand succès et ce grâce à l’implication de tous les membres de la section artistique (ban văn nghệ). Bien que nous soyons tous des bénévoles et des non professionnels mais notre d’esprit d’équipe, notre émulation imaginative et notre volonté à toute épreuve sont des atouts clés de notre réussite.

Audrey Guyobon

Un amour de jeunesse

Chère THSV, Je t’aime,

On a toujours du mal à prononcer cette phrase. Elle nous met à nu et nous révèle, nous fait paraître faible, vulnérable et émotionnel.

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Mais moi, je n’ai pas peur de t’adresser ces quelques mots, si simples et à la fois si lourds de sens.Je t’aime d’un amour inconditionnel, qui se passe d’explication, comme un fils aime sa mère.

Cette phrase est une déclaration, un serment, une responsabilité, une malédiction…
Je me souviens de la première fois que je t’ai rencontré, j’avais 11 ans.

J’étais jeune, stupide, insouciant et tu m’as adopté. Tu m’as accueilli les bras ouverts. tu m’as fait une place dans ta famille et m’a nourri comme ton propre enfant. Tu m’as tout de suite accepté, mais j’ai fugué… Je me suis enfui, après deux années à tes côtés.

Je t’ai repoussé et détesté … Je ne voulais plus entendre parler de toi ni te voir.
Pourquoi ?

Je ne sais pas… Je cherche une raison en même temps que je t’écris ces lignes.

J’imagine que je devais me perdre, plonger dans l’inconnu, trouver ma place dans ce monde où, aux yeux de beaucoup, on n’est ni un enfant, ni un adulte, ni vietnamien, ni français, ni nul, ni cool… Dans un monde où l’on voudrait être unique et être comme tout le monde à la fois.

Tu m’as donné le temps d’apprendre et de (me) comprendre et je suis revenu lorsque les premières douleurs de la vie m’ont frappé. Je suis revenu lorsque se tourner vers sa famille est la meilleure des choses à faire.

Et quel accueil ! Tu m’as ouvert les bras et tu m’as offert tout ce qu’une personne pouvait désirer. Tu avais gardé une place à ta table, rien que pour moi.

 

Je vais te faire une confidence :
Je n’ai jamais été aussi heureux que dans tes bras et je redoute que tu ne meurs dans les miens.

Tu offres la vie à tous les enfants que tu choisis. Malheureusement, tu n’existes qu’à travers ceux qui t’adoptent en retour.

A ce jour, j’ai bien peur d’être le cadet. J’ai peur d’être la dernière Flamme qui te maintienne.

Cette Flamme m’a été transmise par tous tes enfants qui ont grandi et ont plus ou moins quitté le nid que tu offrais.

Ne te méprends pas, je sais que je ne suis pas seul et que c’est présomptueux de penser de la sorte. Je ne peux m’empêcher d’avoir cette réflexion.

Je ne sais pas quoi faire de tout cet héritage qui ne trouvera probablement pas de successeur.

Serai-je ton bourreau ? Celui qui éteindra le Flambeau ?

Aujourd’hui, à l’aube de tes 60 ans, j’ai la sensation que tu es à la fois au zénith et au crépuscule de ta vie, qui ne tient, à présent, qu’au devoir de tes enfants passés.

Je t’ai ouvert mon cœur, je devrai bientôt aussi quitter le nid.
M’en voudras-tu ?

Nam Anh, ton fils

Le flambeau transmet sa flamme

En 2018, l’AGEVP fêta ses 54 ans d’existence, et 38 mandats de BCH (Ban Chấp Hành) pour Bureau Exécutif, se sont succédés.

Les « enfants de Tổng Hội », sont les jeunes qui ont grandi avec la passion de la culture Vietnamienne. En effet, certains entendent des dizaines de musiques tous les dimanches, d’autres portent les couleurs de l’AGEVP aux entraı̂nements, d’autres encore se régalent aux cours de cuisine, et enmin certains passent leurs week-ends à travailler la prononciation aux cours de langue vietnamienne.

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Ces enfants grandissent et évoluent dans un environnement où se créent des liens solides, car au- delà de la passion pour la culture Vietnamienne, il s’est créé une force invisible qui a lié ces personnes entre elles, construisant une belle fraternité.

Le BCH 2014-2018 dit « Đồng Tâm Tiến Bước » ou « La Force de la Cohésion » avait pour but de transmettre la flamme ardente qui a guidé les premiers pas de l’AGEVP à la génération suivante, nous sommes la génération qui n’a même pas connu les premiers temps forts de l’AGEVP, nous ne vivons son histoire que dans la littérature et les récits des plus anciens. Néanmoins, nous écrivons l’histoire de notre « Tổng Hội » et les beaux moments vécus aujourd’hui deviendront la nostalgie de demain, et le passage du flambeau de la génération précédente à la suivante est un chapitre de cette histoire riche en émotions, où le passé et le futur se rencontrent pour assurer la continuité de l’AGEVP.

La « jeune génération » porte fièrement tout l’héritage en elle, et constitue une source d’inspiration pour les plus jeunes qui suivront et qui voudront prendre la relève.

La décision de prendre cette responsabilité n’a pas été évidente, car accepter de faire partie du BCH, c’est accepter les responsabilités, mais nous étions motivés car il y avait une volonté ardente de perpétuer l’existence de l’AGEVP. Nous étions ainsi animés par le désir sincère d’apporter une pierre à la construction, en écrivant un chapitre de l’histoire de l’association, en marchant dans les pas de nos prédécesseurs tout en traçant le chemin pour les générations futures. Nous avons observé les réalisations de nos aînés et nous y avons développé un attachement émotionnel qui nous a amené à accepter cette responsabilité, de là est né le BCH 2018-2022, dit « Le Flambeau ».

Diriger l’AGEVP, c’est comme naviguer sur un bateau, le BCH guide le navire avec son équipage et ajuste les voiles pour s’adapter aux différents vents du changement. Les 3 piliers de l’AGEVP qui sont la promotion de la culture Vietnamienne, la formation de la jeunesse et la lutte pour la liberté ont constitué notre boussole qui a guidé nos décisions tout au long du voyage. De plus, nous ne craignions pas d’explorer de nouveaux horizons pour trouver de nouvelles idées afin de dynamiser, assurer la croissance et rendre l’AGEVP plus moderne.

En 2022, le « BCH Flambeau » a transmis son étincelle à la génération suivante, qui a sublimé ce qu’avait entrepris leurs prédécesseurs, la flamme ardente a continué de briller et rien ne peut nous rendre plus fiers que cela. Le passage du flambeau n’est pas qu’un simple transfert des responsabilités, c’est un acte fort de dévouement et d’amour, et que l’on fasse encore partie du BCH ou non, ou plus généralement de l’association, les relations, les amitiés et la fraternité créées resteront le plus précieux des trésors.

Capitaine Flambeau

2022, passage de relais entre l'ancien président Quang Trung et le nouveau président Nam Anh

Une histoire éternelle …

Ma question préférée en entretien est « Quelle est votre plus grande fierté ? ». La réponse est si simple et évidente : Tổng Hội.

Pour revenir un peu en arrière, je suis ce qu’on appelle un « bébé d’asso », c’est-à-dire que Papa et Maman se sont rencontrés par le biais de l’association il y a une trentaine d’années. J’ai donc assisté à mon premier Têt depuis le ventre maternel et je ne connais pas la vie sans Tổng Hội.

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Ma première participation active à l’asso correspond à mes premiers pas sur scène à 2 ans et demi (un défilé de tunique – je n’ai pas voulu tourner sur moi-même car je faisais coucou à mes parents !). J’ai ensuite passé un nombre incalculable de dimanches après-midi au Château des Rentiers pour répéter. Avec les copines, j’observais les grandes, impressionnée par leur talent, en me disant qu’un jour ce serait nous ! Puis on a réalisé notre première danse toutes seules, « comme des grandes ». Progressivement, chacune est passée de la « danse des petits » à une puis deux puis trois danses des « grandes ». Finalement, un jour, on me considère comme une grande.

Pour reprendre une expression connue, avec cette nouvelle position viennent de grandes responsabilités : serai-je à la hauteur des générations précédentes ? Saurai-je transmettre aux prochaines générations ce que les précédentes m’ont appris ? Le spectacle plaira-t-il aux moins jeunes qu’on a admirés toute notre enfance ? Aura-t-on assez de danseurs, de chorégraphes, de bénévoles pour accrocher les affiches … ? (Pensée à tous ceux qui ont touillé de la colle en poudre dans une marmite, un vendredi à 22h au siège.)

Au très fort désir de plaire s’ajoute la très grande peur de décevoir.

Je découvre aussi de plus en plus l’envers du décor concernant l’asso en général. Par exemple, ma mère m’a souvent amenée avec elle pour aider à la buvette. Aujourd’hui, je sais organiser une chaîne de fabrication de bánh mı̀ les yeux fermés, que ce soit pour des répétitions, une journée sportive ou encore un anniversaire. Je peux vous assurer que c’est une compétence très utile à appliquer dans le monde du travail aussi ! La voilure est large et j’en apprends davantage sur l’histoire et les valeurs de Tổng Hội. Je vois mes amis proposer tout un éventail d’idées pour renouveler les activités de l’asso et ne pas se reposer que sur l’existant, de quoi raviver perpétuellement La Flamme.

Un jour encore, on se rend compte que les plus petits sont devenus grands, nos « THp[etits] » ont leur propres « THp ». Ils ont repris le Flambeau et c’est à leur tour de répondre de leur manière aux questions des grands. Leur travail est de plus en plus difficile : comment recruter de nouvelles personnes qui n’ont pas grandi dans l’asso ? Comment exprimer les valeurs et les trois piliers sans avoir connu directement les traumatismes et l’exode comme nos parents ?

Je suis si fière de les voir tout donner pour faire évoluer Tổng Hội et continuer à rendre l’association pertinente. Je suis fière de faire partie de cette grande famille, que je n’ai pas choisie de rejoindre mais dans laquelle j’ai choisi de rester. Cela fait plusieurs années que je dis que je vais arrêter de danser. Mais toujours, le souvenir du rituel de fin de spectacle, immuable, me rattrape.

Tout le monde revient sur scène. Les drapeaux virevoltent. Les larmes montent.
Les rideaux se ferment. Les cris de joie et de soulagement à se casser la voix.

On a réussi !
On recommence demain ?

Caro – NH