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20 années avec le régime de la République du Vietnam

Notes de la Rédaction :
L’analyse suivante a été publiée dans le bulletin spécial Sinh Viên Bính Thìn 1976, édité par l’Association Générale des Étudiants Vietnamiens de Paris. En raison de sa proximité temporelle avec les événements et développements liés au sujet traité, cet article reflète assurément en partie les sentiments sincères de nombreuses personnes à cette époque, alors que l’ensemble du Vietnam venait à peine de passer sous le régime communiste depuis moins d’un an.

Il est possible qu’aujourd’hui, un article traitant d’un sujet similaire serait rédigé différemment, après avoir été davantage imprégné de la « froideur » de cinquante années d’histoire.

À la fin de l’article, nous avons ajouté quelques annotations pour éclaircir certains faits ou détails.

Après la seconde guerre mondiale, les mouvements de lutte pour l’indépendance des nations colonisées se développent vigoureusement partout dans le monde. Le peuple vietnamien a pris conscience de son rôle dans la lutte pour récupérer son indépendance et sa souveraineté, après avoir subi 80 années de colonisation française. Dans tout le pays, la population a rejoint spontanément les mouvements de lutte.

Au lieu de rendre l’indépendance à notre peuple, les français ont cherché par tous les moyens à maintenir leur politique coloniale. Ils éliminent les leaders nationalistes qui prônent l’indépendance et la souveraineté du pays, débarquent dans le port de Hải Phòng et attaquent Hanoi. La guerre de libération éclate le 19 décembre 1946. Le Gouvernement d’Union et de Résistance est né. Mais pour échapper aux assassinats, les leaders nationalistes ont dû quitter ce gouvernement de coalition entre nationalistes et communistes pour s’exiler en Chine ou se replier vers les bases de résistance de leurs partis. La lutte armée s’intensifie de jour en jour. La victoire de Điện Biên Phủ le 7 mai 1954 a forcé les français à participer aux négociations de Genève.

Dans la première partie, il sera question de la Première République du Vietnam puis à la succession des faits marquants sous la Seconde République du Vietnam, de la fondation à l’événement militaire du 30 avril 1975. Les causes qui ont conduit à l’effondrement de la République du Vietnam seront abordées dans la deuxième partie.

1ère République du Vietnam : 7.7.1954 – 1.11.1963

Face aux changements rapides du Vietnam, le gouvernement Bửu Lộc s’est révélé impuissant pour diriger le groupe des vietnamiens nationalistes, car il est perçu comme étant sous influence étrangère. L’agitation tant au niveau national qu’international ont forcé Bửu Lộc à démissionner. Ngô Đình Diệm a alors été sollicité par le « Chef de l’Etat », l’empereur Bảo Đại, pour former un nouveau gouvernement. Monsieur Diệm a accepté la charge de Premier ministre du gouvernement de l’Etat vietnamien le 7 juillet 1954, inaugurant ce jour, la première République du Vietnam.

Pendant que monsieur Diệm s’occupe à former son gouvernement, les pourparlers à la conférence de Genève se poursuit pour résoudre le problème vietnamien. Le 20 juillet 1954, dans la salle de conférence des Nations Unies à Genève, les représentants du Nord Vietnam se sont mis d’accord avec les colonisateurs français pour partager en deux le Vietnam
• Le Nord (du col de Nam Quan jusqu’au 17è parallèle, la ligne d’armistice étant la rivière Bến Hải) sera sous le contrôle du gouvernement nord-vietnamien dirigé par M. Hồ Chí Minh,
• Le Sud (de la rivière Bến Hải à la pointe de Cà Mau) restera sous domination coloniale française. Peut-être le Nord avait l’intention de laisser le Sud sous contrôle français pour pouvoir ensuite mobiliser les masses sous le prétexte que « tous les patriotes devaient participer activement à la lutte et à la production pour libérer le Sud ». Mais en réalité, le peuple du Sud s’était déjà levé pour repousser les Français avant même que Hanoi n’ait eu le temps de mobiliser les masses pour libérer le Sud.

Suite aux Accords de Genève du 20.07.1954, la rivière Bến Hải devient la frontière séparant les 2 parties du Vietnam.

Le gouvernement nationaliste nouvellement formé a dû, après seulement deux semaines, faire face à des difficultés urgentes :
• Transférer les structures administratives gouvernementales dans le Sud
• Déplacer et installer environ un million de vietnamiens quittant le Nord pour le Sud, en quête de liberté mais les mains vides

À son arrivée à Saigon, le gouvernement a dû encore s’atteler à la résolution de nombreux problèmes épineux et immédiats
• Rassembler les différentes couches de la population pour constituer un appui solide au gouvernement, afin d’assumer ensemble les lourdes responsabilités face aux obstacles créés par les colonisateurs et leurs hommes de main pour entraver l’élan national
• Réorganiser l’armée, l’administration, l’éducation ….
• Installer durablement le million de migrants et normaliser la vie économique
• Garantir la sécurité de la population qui est sous la menace de groupes de brigands et de criminels que les colonisateurs ont toujours entretenus dans leur stratégie habituelle de « diviser pour régner »

Lors d’une réunion des notables à l’hôtel de ville de Saigon, les participants sont convenus de destituer le Chef de l’Etat Bảo Đại car face à la situation critique du pays, celui-ci continue à résider en France sous l’emprise des autorités françaises. Puis ce mouvement de réprobation s’est répandu et a conduit au référendum du 23 octobre 1955. Le Chef de l’Etat Bảo Đại est alors destitué. Le premier ministre Ngô Đình Diệm déclare la fondation du régime républicain et devient le premier président de la République du Vietnam.

Le président Diệm a dû faire face à la guerre civile déclenchée par la milice Bình Xuyên à Saigon et quelques éléments armés appartenant aux sectes religieuses Hòa Hảo et Cao Đài, qui refusent de coopérer avec le gouvernement républicain. Grâce à la solidarité et à la combativité du peuple tout entier, la sécurité a été rétablie et l’autorité nationale restaurée. Certains officiers rebelles ont dû fuir le pays. Le corps expéditionnaire français se retire alors de la République du Vietnam.

Voici les événements marquants de la Première République :
• Le 26 octobre 1956 : promulgation de la Constitution
• En 1958 : incident de Ban Mê Thuột. Le président Diệm échappe à une tentative d’assassinat à la foire de l’économie à Ban Mê Thuột.
• Le 17 janvier 1960 : les troupes communistes attaquent la ville de Bến Tre dans la province de Kiến Hòa, déclenchant ainsi la guerre d’invasion contre la République du Vietnam.
Automne 1960 : les troupes communistes attaquent Kon Tum et Pleiku mais sont repoussées par les forces parachutistes.
• Le 11 novembre 1960 : un groupe d’officiers parachutistes organise un coup d’Etat, mais les troupes gouvernementales dirigées par les colonels Trần Thiện Khiêm et Nguyễn Văn Thiệu sont mobilisées à temps pour lever le siège de Saigon. Le colonel Thi, le lieutenant-colonel Đông et monsieur Thụy (a) se sont enfuis par Phnom Penh. Monsieur Đán (b), n’ayant pu s’échapper à temps a été fait prisonnier.
• Le 20 décembre 1960 : le Front national de libération du Sud Vietnam est créé à Hanoi.
• En février 1962 : deux pilotes de chasse de l’armée du Sud Nguyễn Văn Cử et Phạm Phú Quốc attaquent avec leur avion le palais présidentiel pour tenter d’assassiner le président Diệm. Mais monsieur Diệm s’en est sorti indemne. Le pilote Quốc a été arrêté après que son avion a été abattu près de l’autoroute de Biên Hòa par la défense antiaérienne de la marine vietnamienne.
• En mars 1963 : pour faire pression sur le président Diệm afin de l’obliger à établir au Sud Vietnam un régime démocratique similaire à celui des Etats-Unis, le président américain Kennedy ordonne l’arrêt de toute aide économique ou militaire au Sud Vietnam. Du mois de mars au 1er novembre 1963, le Sud Vietnam réussit à se maintenir en dépit de l’absence de l’aide américaine.
• En mai 1963 : troubles à l’occasion de la fête du Vesak (Phật Đản) à Huế, puis relayés par le mouvement bouddhiste dirigé et organisé par le vénérable Thích Trí Quang pour renverser le gouvernement de Ngô Đình Diệm.
• Le 1er novembre 1963 : un certain nombre d’officiers supérieurs financés par les américains par l’intermédiaire de la CIA avec le parrainage de l’ambassadeur américain au Vietnam Henry Cabot Lodge, renversent monsieur Diệm.
• Le 2 novembre 1963 : monsieur Diệm et son frère monsieur Nhu sont abattus dans un véhicule blindé lors de leur transfert de Chợ Lớn au Quartier général des armées.

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26.10.1956 : célébration de la toute première Fête Nationale de la 1ère République du Vietnam

Les événements relatés ci-avant appellent certaines remarques.
• Sur le plan politique :
o On peut regretter que porté par l’opinion populaire, le patriotisme enthousiaste de l’ensemble de la population dans les années 1954, 1955 et 1956, le président Diệm n’avait pas pu réaliser une révolution réformant en profondeur le Sud Vietnam sur les plans politique, militaire, social et éducatif… Après 80 ans de domination et d’exploitation coloniales, il nous fallait résolument rejeter les vestiges et les fléaux du passé afin de bâtir une société nouvelle.
o Le président Diệm avait tort de ne pas accepter la proposition de conférence de concertation entre le Nord et le Sud initiée par le gouvernement de Hanoi, dans les années 1957 et 1958, de mener des négociations entre le Nord et le Sud. Ce refus avait pour conséquence de prolonger le conflit jusqu’au 30 Avril 1975.
o Les activités politiques dans le pays ne disposaient pas d’un environnement propice à leur épanouissement car le gouvernement n’acceptait pas l’opposition. Seuls ceux qui rejoignaient le parti gouvernemental Cần Lao étaient considérés.
o Monsieur Diệm se montrait trop inflexible vis-à-vis des exigences américaines. Ceci prouvait qu’il était un patriote, refusant toute dépendance à l’égard des pays étrangers, raison incitant les américains à tout faire pour l’éliminer.
o La politique de dénonciation des communistes menée par le ministre de l’Information, Trần Chánh Thành, ne faisait que créer davantage d’erreurs et de suspicions, même si le gouvernement avait par la suite corrigé le tir et démis le ministre de ses fonctions.
o En raison d’un temps de préparation insuffisant et du manque de personnel subalterne et intermédiaire, la politique du Hameau Stratégique n’avait pas apporté les résultats escomptés par la population.
• Sur le plan militaire :
A partir d’une armée désorganisée héritée des français, le gouvernement avait réussi à former des corps d’armée relativement modernes. L’armée du Sud Vietnam était assez aguerrie. Il n’était pas encore question de la formation à la guerre politique dans l’armée et le concept d’inclusion de l’armée au sein de la population n’avait pas encore émergé. L’esprit combattif et de solidarité était toujours maintenu à un niveau satisfaisant.
• Sur le plan économique :
o Le gouvernement se focalisait sur l’agriculture, car le pourcentage d’actifs dans ce secteur était relativement élevée et en raison des avantages naturels importants dont disposait le Sud en matière agricole. L’agriculture était la clef du développement économique du Sud Vietnam.
o La réforme agraire était lancée en 1956, mais jusqu’en 1963, elle n’était toujours pas achevée. Cette réforme progressait très lentement. Durant cette période, le gouvernement avait attribué 418 000 acres de terres à 121 460 familles de métayers.
o Chaque famille paysanne se voyait attribuer en moyenne environ 3,45 acres de terre. Il ne s’agissait pas d’une réforme agraire d’envergure espérée par la majorité des agriculteurs du Sud, même si le programme avait produit certains résultats. Toutefois les grands propriétaires terriens continuaient à faire la pluie et le beau temps dans le Sud : une minorité de 2,45 % des propriétaires terriens détenaient 45 % de la totalité des terres cultivables du pays. Les cas de métayers surexploités perduraient.
o La culture de plantes industrielles et d’arbres fruitiers avait bien progressé durant cette période. Le caoutchouc était le principal produit d’exportation, mais le Sud n’exportait que du latex brut. L’industrie de transformation du caoutchouc n’était pas suffisamment soutenue par le gouvernement pour permettre sa création.
o Si l’industrie enregistrait quelques résultats notables comme l’implantation de la centrale hydroélectrique de Da Nhim, de la cimenterie de Hà Tiên, de l’usine textile Vinatexco… le secteur du commerce et de la distribution était encore aux mains d’une minorité de commerçants sans scrupules comme au temps du Grand Monde de Monsieur Bảy (c) !
Sur le plan sociétal :
o Sous la Première République, la société du Sud n’était pas encore perturbée par l’influence matérielle et le mode de vie chaotique des étrangers. Les belles traditions nationales étaient mises en valeur et maintenues comme fondement d’une société axée sur l’humain, complètement différente de la société égocentrique à l’occidentale ou d’une société « étouffée » par le réseau de la « police populaire » d’un pays communiste.
o Nous avions besoin d’une société saine, dans laquelle les fléaux sociaux tels que les jeux d’argent, l’alcoolisme, la toxicomanie, la prostitution… devaient être abolis et remplacés par la promotion des activités physiques et sportives…

Seconde République : 01.11.1963 – 30.04.1975

Au cours de cette période de presque douze années, de nombreuses évolutions se sont succédées rapidement en raison de l’intervention directe des Etats-Unis sur la guerre du Vietnam. Sur le plan intérieur, après le renversement et l’assassinat du président Diệm et de son frère, on constate une fracture politique difficile à réparer en raison de :
o L’ingérence directe des pays étrangers dans les affaires internes de la République du Vietnam
o L’émergence de monstruosités contemporaines et de bouffons politiques de pacotille
o Le manque de leadership et de compétence politique d’une clique de militaires s’essayant à la politique. Ainsi au lieu de penser à apporter au pays la stabilité et au peuple la paix, ils avaient tué la nation en pillant les richesses nationales, en pratiquant la contrebande, en empoisonnant la jeunesse avec la drogue et l’opium…
o La présence de troupes étrangères sur notre sol bouleversant l’ordre et les valeurs traditionnelles de notre société. Les fléaux sociaux avaient ainsi l’occasion de prospérer grâce aux dollars américains dépensés à profusion dans le pays par les soldats étrangers : jeux d’argent, drogue, prostitution. Les gens ne pensaient qu’à gagner de l’argent par tous les moyens sans se soucier du sort du pays.

Journée des armées organisée sous la 2ème République

Nous allons examiner successivement les événements importants survenus du 1er novembre 1963 au 30 avril 1975.

A. Déroulement des événements marquants

• Après l’assassinat du président Diệm et de son frère, le lieutenant-général Dương Văn Minh s’est fait élire Chef de l’Etat par le conseil des généraux. Il invite ensuite Monsieur Nguyễn Ngọc Thơ à former un gouvernement.
• Le 22 novembre 1963, le président américain Kennedy, partisan de l’intervention et de l’envoi de troupes au Sud Vietnam est assassiné à Dallas (Texas). Le vice-président Lyndon B Johnson prête serment en tant que nouveau président des Etats-Unis.
• Le 31 janvier 1964 : suite à la promulgation de la « Charte de Vũng Tàu » (d), le bouffon politique Nguyễn Khánh est élu « Président de la République du Vietnam » avec l’approbation du « Conseil militaire révolutionnaire ».
• Les 20, 21 et 22 août 1965 : après une semaine d’existence, la Charte de Vũng Tàu est déchirée par la population et le bouffon politique Nguyễn Khánh s’est lui-même renversé. Saigon se retrouve les 20, 21 et 22 août sans gouvernement. Cette absence de gouvernance a accouché d’une monstruosité, le triumvirat constitué de Dương văn Minh, Nguyễn Khánh et Trần Thiện Khiêm.
Septembre 1964 : la démonstration de force des généraux Dương văn Đức et Lâm Văn Phát renverse Nguyễn Khánh mais ce dernier est sauvé par son protecteur, l’ambassadeur américain Taylor.
Octobre 1964 : le gouvernement de Trần Văn Hương prône la restauration de l’autorité nationale et de l’ordre social après les récentes turbulences, mais rencontre une farouche oposition du mouvement bouddhiste Việt Nam Quốc Tự dirigé par le vénérable Tâm Châu à travers des manifestations, des grèves de la faim et des prêches quotidiens contre le gouvernement. Le premier ministre Trần Văn Hương avait l’intention d’exclure la politique des lieux de culte ainsi que des écoles.
31 janvier 1965 : le gouvernement de Trần văn Hương est renversé par Nguyễn Khánh. Monsieur Phan Khắc Sửu est élu Chef de l’Etat par le Conseil des Notables et un « Cabinet médical » dirigé par le docteur Phan Huy Quát est formé.
• Le 6 février 1965 : un groupe d’officiers, mené par le colonel Phạm Ngọc Thảo et avec la participation de quelques organisations et d’étudiants, tentent sans succès de renverser Nguyễn Khánh. Ce dernier quitte le pays après avoir été promu général d’armée par le Chef de l’Etat Phan Khắc Sửu, en même temps que le lieutenant-général Dương văn Minh. Plus tard, le colonel Thảo sera tué.
Mai 1965 : les catholiques s’opposent au gouvernement de Phan Huy Quát. Après de nombreuses tentatives infructueuses pour conserver le siège de premier ministre, messieurs Quát et Sửu se retirent et rendent le pouvoir à l’armée.
• Le 19 juin 1965 : le Conseil militaire élit
o Le lieutenant-général Nguyễn Văn Thiệu président du Conseil de direction nationale.
o Le major général Nguyễn Cao Kỳ, président du Comité exécutif central (poste de Premier ministre )
Mars 1966 : le lieutenant-général Nguyễn Chánh Thi revendique l’autonomie pour le Centre. Suivent alors les manfestations « Bouddha dans la rue » à l’appel du vénérable Trí-Quang à Huế. Mais le gouvernement central envoie les généraux Loan, Đống, Lãm rétablir l’ordre.
1er avril 1967 : promulgation de la Constitution de la Seconde République.
Septembre 1967 : le général Thiệu est élu Président de la République du Vietnam avec le général Kỳ comme co-listier.
30 janvier 1968 : début de l’offensive générale du Tết Mậu Thân (année du Singe). En une seule nuit, les forces communistes lancent de nombreuses attaques contre les capitales provinciales de la République du Vietnam.
31 mars 1968 : le président Nixon annonce le retrait des troupes américaines du Sud Vietnam
10 juin 1969 : création du Gouvernement révolutionnaire provisoire du Front national de libération.
3 septembre 1969 : décès de Hồ Chí Minh.
29 avril 1970 : l’armée de la République du Vietnam étend ses opérations militaires au Cambodge après le coup d’état renversant le prince Sihanouk.
8 février 1970 : campagne militaire Lam Son dans le Sud du Laos.
Septembre 1971 : monsieur Thiệu est réélu président de la République du Vietnam.
30 mars 1972 : les forces communistes franchissent massivement le 17è parallèle, marquant le début de l’offensive générale du printemps-été 1972. Les noms de An Lộc, Quảng Trị, Kontum, Huế… entrent dans l’histoire.
18-20 décembre 1972 : reprise des bombardements du Nord Vietnam.
27 janvier 1973 : signature des Accords de Paix entre le Nord, le Front national de libération, le Sud et les États-Unis pour mettre fin à la guerre et rétablir la paix au Vietnam.
29 mars 1973 : le dernier soldat américain quitte le Sud Vietnam.
Octobre 1974 : des mouvements de lutte réclamant la démission du président Thiệu se développent vigoureusement dans les villes. Les mouvements catholique, bouddhiste ainsi que la presse se battent avec acharnement pour exiger le départ de M. Thiệu pour laisser la place à un gouvernement oeuvrant pour la paix. En réponse, M. Thiệu ordonne la répression des mouvements de lutte dans le but d’étouffer les feux de contestation tout en s’accrochant au pouvoir. Pour apaiser quelque peu l’opinion publique, il ordonne le limogeage du ministre de la Mobilisation civique et d’Appel aux repentis (Chiêu hồi) , Hoàng Đức Nhã.
7 janvier 1975 : Phước Bình tombe et la province de Phước Long est entièrement occupée.
10 mars 1975 : Ban Mê Thuột est attaquée et tombe le 12 mars.
17 mars 1973 : M. Thiệu ordonne l’évacuation militaire des Hauts Plateaux du centre dans un chaos total, sans ordre ni organisation vers Nha Trang ou les provinces côtières. Mais ces troupes se repliant sans aucune stratégie sont stoppées et attaquées provoquant la mort de milliers de réfugiés sur la route de Pleiku à Tuy Hòa.
26 mars 1975 : Huế tombe, dans une scène de chaos.
29 mars 1975 : Đà Nẵng sombre dans l’anarchie et subit le même sort que l’ancienne capitale de Huế.
21 avril 1974 : la ceinture de Xuân-Lộc protégeant Saigon est enfoncée par le feu ennemi. Le même jour, M. Thiệu démissionne de son poste de Président de la République du Vietnam et cède le pouvoir au vice-président Trần Văn Hương.
28 avril 1975 : monsieur Dương Văn Minh devient Président de la République du Vietnam, monsieur Nguyễn văn Huyền vice-président et monsieur Vũ Văn Mẫu premier ministre, ces personnes sont chargées de constituer un gouvernement pour la paix et la réconciliation nationale, afin de négocier avec le Front national de libération.
30 avril 1975 : monsieur Dương văn Minh, en tant que président de la République du Vietnam ordonne à toutes les unités de l’armée de cesser le combat et de capituler sans condition.

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3.09.1967 : élections présidentielles (11 listes) và sénatoriales (48 listes)

Face aux bouleversements successifs mentionnés ci-dessus, on peut faire le bilan de près de 12 années sous la Seconde République sur les plans politique, militaire, économique et sociétal.

B. Les causes de la défaite du 30.4.1975

1. Cause politique
Durant les vingt années de la République du Vietnam, il est à constater l’absence de véritable leadership. En effet un grand nombre de dirigeants nationalistes étaient tués par les colonisateurs français ou éliminés par les communistes. De plus, au moment de l’indépendance, les partis nationalistes n’avaient pas d’espace pour opérer, empêchant de ce fait l’émergence de leaders issus de ces partis.

Sous la Seconde République, il n’y avait que le parti « kaki » (les militaires). Ceux qui accédaient au pouvoir l’étaient grâce aux circonstances et n’avaient donc ni vision à long terme pour le pays, ni plan, ni politique pour apporter la stabilité et la paix au pays. Ainsi, malgré son titre de président de la République, monsieur Thiệu n’avait jamais été considéré par le peuple comme un véritable leader !

Il croyait pouvoir gouverner en s’appuyant sur des manœuvres comme utiliser son pouvoir financier, sa position pour soudoyer certains de ses subordonnés et en faire des hommes de main zélés à son service. Il commettait une grave erreur en traitant les affaires du pays comme celles de sa propre famille. Il pensait qu’il lui suffisait de trouver un certain nombre d’hommes de mains, de serviteurs domestiques et d’individus peu scrupuleux pour se maintenir solidement au poste de président de la République. Il ne savait pas diriger le pays à la manière d’un souverain, ne connaissant que les pratiques fourbes comme la corruption, l’intimidation, l’emprisonnement… qui étaient à ses yeux des moyens de gouvernance plus efficaces. Malgré son absence de politique pour le pays, il n’appréciait pas non plus les gens compétents ou ayant la fibre patriotique. Les morts de Từ Chung, Nguyễn văn Bông et Phạm Minh Trí nous obligent à nous interroger sur sa conception de la démocratie.

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Dans un climat politique étouffant, la corruption et le népotisme se répandaient de manière flagrante : pour obtenir un poste il fallait offrir des millions de Đồng à Madame ou au général Đặng Văn Quang (e). La corruption et les pots-de-vin se propageaient comme une épidémie : l’importance du pot-de-vin étant fonction du grade de l’agent corrompu. Pendant ce temps, le peuple souffrait de misère et de guerre, accablé par la corruption des gouvernants.

« Quand ceux d’en haut ne sont pas justes, ceux d’en bas sombrent dans le chaos », comme l’attestaient les mouvements de protestations octobre 1974 pour réclamer le départ de monsieur Thiệu. Malgré un pouvoir détenu pendant 10 ans, il n’avait su s’appuyer que sur les pays étrangers. Ainsi, sans leur soutien, le Sud Vietnam ne pouvait que s’effondrer face à un adversaire puissant et organisé. Quand le pouvoir ne prenait pas soin du peuple, évidemment il ne pouvait gagner la confiance ni obtenir le soutien populaire. Comment les citoyens auraient pu avoir confiance en une minorité uniquement occupée à piller la nation et vivant aux dépens du peuple ? En résumé, quatre causes apparaissaient : manque de leadership, absence d’activités politiques, corruption des dirigeants et un pouvoir dépendant des puissances étrangères.

2. Cause militaire
L’armée de la République du Vietnam était assez combative mais ses échelons de commandement manquaient de capacité en matière de direction et de stratégie militaire. A part une minorité de généraux compétents et expérimentés au combat, les officiers ne devaient leur titre qu’au fait qu’ils étaient des hommes de main du président ou qu’ils avaient effectué un passage au bureau du corrupteur en chef, M. Dang. Notre armée ne savait combattre qu’avec des méthodes de riches sans savoir économiser ni préserver l’équipement et le matériel militaire. La conséquence naturelle était une pénurie de munitions et de carburant. Les unités du génie n’étaient pas suffisamment qualifiées pour réparer ou remplacer les équipements endommagés.

En tant que Commandant suprême des forces armées, monsieur Thiệu n’avait pas su assainir l’état de l’armée. Ceci n’était pas surprenant car son très proche conseiller militaire était un général incompétent, dénué de toute expertise militaire, mais très familier avec les « magouilles » peu recommandables. La nomination à des postes militaires importants tels que commandants de bataillon, de régiment, de division ou de corps d’armée passaient tous par ce général corrompu. Ainsi, comment l’armée aurait-elle pu devenir forte et solide ?

Un retrait sans planification et dans l’anarchie qui ne pouvait que conduire à l’effondrement du régime républicain.

Avec son ordre de retrait des Hauts Plateaux face à l’encerclement de ses troupes et les attaques vigoureuses de la partie adverse, monsieur Thiệu avait commis une erreur tactique et stratégique unique dans l’histoire militaire du 20è siècle. Ce repli sans planification, sans aucune réflexion tactique avait provoqué une exode chaotique et désordonné de civils et de militaires, face à des armes modernes disposées auparavant en embuscade par l’ennemi. Ce fait prouvait que malgré son rang de général, monsieur Thiệu ne comprenait pas l’importance stratégique vitale des Hauts plateaux. Le 30 avril 1975, seulement 55 jours après ce retrait, le Sud Vietnam capitulait.

3. Sur le plan économique
Le secteur agricole se voyait accorder la priorité du développement. Bien que le gouvernement ait entrepris une réforme agraire en 1970 avec un certain succès, la production était à l’arrêt à partir du début de 1974. Le Sud, grenier à riz du pays avec 6 130 000 hectares de rizières, ne produisait plus assez pour nourrir la population de 20 millions de personnes.

On aurait pu penser que les guerres destructrices avaient entravé la productivité agricole. Cependant, il ne faut pas oublier les commerçants peu scrupuleux qui pour engranger des profits, pratiquaient des stratégies de spéculation. Forts de la protection des fonctionnaires corrompus, ces personnes pouvaient agir en toute impunité partout, piller les biens du pays et prospérer sur le dos des pauvres, des agriculteurs et des ouvriers. Cette collusion entre spéculateurs et fonctionnaires corrompus constituait la quatrième armée qui avait contribué activement à l’effondrement du régime républicain dans le Sud. Car en plus de la marine, de l’armée de terre et de l’armée de l’air, l’armée et le gouvernement de Hanoi exploitait pleinement cette « quatrième armée » comme une arme de propagande vis-à-vis de l’opinion publique, dans le pays et à l’étranger.

L’inflation galopante menaçait sérieusement la vie de la grande majorité des habitants du Sud, dans une société non productive vivant d’une consommation artificielle et frivole, dépendante de l’étranger. Le nombre de chômeurs ne cessait d’augmenter, entraînant famine, vols et criminalités…

La Centrale hydroélectrique de Đa Nhim, une réussite de la République du VN, est toujours en activité de nos jours.

4. Sur le plan sociétal
La société vietnamienne était bouleversée par la présence de troupes étrangères. Les valeurs spirituelles et les belles traditions du peuple vietnamien étaient piétinées et détruites par le dollar américain. On voyait apparaître des façons de s’habiller et des comportements mimant de façon ridicule le mode de vie des étrangers, en contradiction avec les nobles valeurs héritées de nos ancêtres.

La société vietnamienne sombrait de plus en plus dans la décadence avec l’importation massive de la civilisation matérialiste étrangère. Les fléaux sociaux étaient en progression : addiction des jeunes aux drogues, vols, jeux d’argent, prostitution, telles étaient les conséquences de la présence des armées étrangères. Les fonctionnaires corrompus bien placés dans les administrations avaient fait du trafic de drogue leur métier…

Une minorité de personnes incapables de diriger et de gouverner le pays, comptant essentiellement sur l’aide étrangère pour conserver leurs privilèges personnels et dépourvus de sentiments patriotiques avaient conduit à l’effondrement du régime républicain que tout le peuple avait contribué à ériger. Ils portaient de lourdes responsabilités devant l’Histoire et la Nation. L’événement militaire du 30 avril 1975 n’était qu’une péripétie dans la vie des vietnamiens, pas un point final.

Car la lutte pour la liberté et la paix du peuple Vietnamien indomptable, continue.

Notes :

(a) Nguyễn Chánh Thi, Vương Văn Đông, Hoàng Cơ Thụy
(b) Phan Quang Đán
(c) Le Grand Monde était un grand casino de l’ancienne Indochine et était une source importante de financement pour Bảy Viễn (dirigeant de la milice Bình Xuyên)
(d) En réalité, la Charte de Vũng Tàu était promulguée le 16 Août 1964
(e) Dans son livre « Drugs, Corruption, and Justice in Vietnam and Afghanistan », Merle L. Pribbenow a écrit que le général Quang a connu une situation financière très précaire quand les Etats-Unis lui ont finalement accordé l’asile vers la fin des années 1989. Il avait dû occuper un poste de manutentionnaire dans le service des bagages de l’aéroport de Los Angeles. Ce témoignage a contribué à innocenter le général Quang des soupçons de malversations antérieures.

Nguyễn Tấn Quốc
Bulletin spécial Sinh Viên Xuân Bính Thìn 1976