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Décennie 1974 - 1983

En souvenir de NGÀY MAI (DEMAIN)

Trente années d’AGEVP, oh combien de souvenirs, impossible de les  compter tous. A cause de leur grand nombre il m’est difficile de les raconter, je ne sais pas lequel est plus prioritaire que les autres. En réfléchissant à nouveau, tout cela devient un enchevêtrement en désordre de petites histoires. Le rédacteur en chef m’a téléphoné de Paris, me demandant de raconter quelques souvenirs des préparations de la fête du Têt « à cette époque » pour les insérer dans la revue spéciale Nhân Bản de la nouvelle année Giáp Tuất 1994. J’ai un délai de deux jours pour rédiger l’article. Seulement je fais partie des « menus soldats » et je ne suis pas un expert artistique comme Hưng Muỗi, quelle histoire vais-je raconter ? Dans ce cas, veuillez lire d’autres articles svp. Il est certain que mes autres « vieux amis » ne manqueront à vous faire part d’anecdotes intéressantes, citons par exemple Rév. Linh qui avait oublié son dentier ; ou le général chinois (Châu Râu) qui parlait en français devant plus de 3000 spectateurs à Maubert ; ou Nguyễn Trãi (Hưng Muỗi) qui se laissait tomber dans le trou sur scène réservé au souffleur ; ou le fait de travailler d’arrache-pied pour terminer la revue spéciale, ainsi que la fabrication des éléments du décor ; ou encore nos sorties la nuit vêtus d’habits bien matelassés et munis de bâtons pour coller des affiches sous une neige battante, et nos retours avec un bol de bouillie au poulet ; ou les illustres présentatrices comme Thu Vân, Hồng Vân ; ou les héros qui surveillaient les sorties arrières comme   Đi Rô, Phao Lồ,  … Que d’histoires.

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Je voudrais évoquer un souvenir dont certainement plusieurs d’entre nous se rappellent de manière précise.

A cette époque, nous nous préparions pour la fête du Têt Canh Thân 1980. Après la séance de répétition, à sept ou nuit heures du soir, il fait déjà nuit, dehors il fait très froid, et dedans, nous avions très faim. Ensemble, la cinquantaine d’entre nous nous regardions en nous posant une question classique : « Où allons-nous? » (Pour calmer notre estomac). En général, après discussions et argumentations, nous finissons par nous séparer, chacun rentre chez soi. Si nous négocions bien, nous arrivons à constituer deux groupes, le premier composé de quelques individus, assez fortunés, se donnent le mot pour aller dîner dans le restaurant Empire Céleste ou dans un autre restaurant pour déguster le phở, ce serait le grand bonheur. Les personnes du deuxième groupe, se résignent à rentrer chez eux, solitaires.

Le restaurant Ngày Mai est créé à cette époque, comme par miracle, pour accueillir les « âmes solitaires et affamés » mentionnés ci-dessus. Le restaurant n’est pas luxueux, il n’y a qu’un plat par semaine : du phở, ou soupe de vermicelles au bœuf façon Huế, au riz avec porc caramélisé tapissé de germes de soja, ou vermicelles au bouillon de crabe, … les plats sont très bon marché, remplissent bien l’estomac, et par ailleurs participent au financement de l’AGEVP. En plus, pendant que nous dégustions ces plats autour d’une discussion dans la joie, nous profitions d’un excellent programme de radiodiffusion de la station Sàigòn, avec en introduction l’hymne des étudiants vietnamiens à l’étranger suivi de la voix agréable de Khúc Lan : « Ici Saigon Radio, la voix des exilés vietnamiens dont le cœur se tourne toujours vers leur patrie, émis chaque dimanche après-midi sur les ondes de THSV Damesme 51, 75013. Bonjour à tous ».  La station annonce les dernières nouvelles sur les activités sportives, artistiques et journalistiques à travers les voix « intemporelles » de Tạc Dzun, Lưu Cao, Tuấn Con,… Les histoires sont captivantes grâce à la voix de Khúc Minh. Il existe même un joli programme de demande de musique.

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Je reproduis ci-dessous les deux poèmes que les fans du restaurant Ngày Mai se sont dédicacés et qui ont été publiés sur Saigon Radio :

Le restaurant se trouve-t-il à l’étranger ou dans notre pays ?
Nous restons assis entre amis pendant toute la nuitée
Le tintement des bols et baguettes va réveiller l’esprit de notre vieux pays
DEMAIN nous décidons de partir
Mille messages en buvant notre verre
Nous nous regardons, pour nous rendre compte des moments de douleur
Nous brandissons nos bras, gardant nos vieilles promesses
DEMAIN sonnera l’heure de notre force
Le restaurant se trouve-t-il à l’étranger ou dans notre pays ?

(Poème récité par Khúc Lan)

Aujourd’hui, nous avons mangé au restaurant NGÀY MAI
Demain il y aura du gibier dont la viande de cerf (1)
DEMAIN il y a une bonne nouvelle
Où que vous êtes, faites attention à DEMAIN
Quelle que soit la quantité, nous agissons comme tout le monde
Par galanterie, nous paierons sans compter (2)
Chez NGÀY MAI tu dois payer pour tes consommations (3)
Tu y pourras espérer de nouveaux destins
Tu partageras le même souhait
De retourner dans ton pays natal si lointain depuis des années
Ensemble, nous pensons à notre ami discret
D’aujourd’hui apparaît un germe pour DEMAIN

Un point indéniable, c’est que l’Association Générale des Etudiants Vietnamiens de Paris constitue un environnement immense pour la formation des jeunes, d’où sont issus oh combien d’enfants adorés de la patrie, en même temps des germes du futur.

En souvenir des « actuels » et « anciens » membres de l’AGEVP, désormais dispersés partout dans le monde, dont certains sont encore vivants, d’autres décédés, je voudrais leur dédier un extrait du vieux poème :

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Les gens que j’ai connus il y a des années
Où se trouvent leurs âmes aujourd’hui ?

Đỗ Đăng Liêu

(1) complètement faux
(2) et (3) purement vrais